Francis Lalanne et Joey Starr sur les traces d’Ozzy Osbourne

Francis Lalanne et Joey Starr sur les traces d’Ozzy Osbourne
Produit par Karl Zéro et Michel Malausséna, ce programme, inspiré du format de MTV “The Osbournes”, suit jour et nuit le chanteur de “La maison du bonheur” et le rappeur moitié du duo NTM.

On imagine bien quel intérêt peuvent avoir respectivement Lalanne et Starr à se montrer ainsi dans leur intimité. Le premier est en mal de succès depuis plusieurs années et “On se retrouvera” (sur la B.O. du “Passage” de René Manzor) et l’on se souvient surtout de lui l’an passé comme supporter de l’équipe de France malheureuse au Mondial. Le second traîne une image sulfureuse : il frappe les hôtesses de l’air et les singes, et seuls les amateurs de rap connaissent son travail de producteur pour son label, B.O.S.S. Pour le grand public, il est surtout Didier Morville, le rappeur à la grosse voix et aux dents en or qui défraye régulièrement la chronique judiciaire.

Lalanne et Starr ont tout deux intérêt à faire parler d’eux : être dans la première adaptation française des “Osbournes” est une bonne manière de prouver pour l’un, qu’il n’est pas ringard, pour l’autre qu’il n’est pas dangereux.

Que voit-on ? Un générique très inspiré des “Osbournes” (ne manque plus que “Crazy train” de Pat Boone) et un habillage inspiré par le vert et l’orange des bonbons Tic-Tac. Un gimmick sonore devient vite casse-pieds : toutes les deux minutes retentit pour passer de Lalanne et Starr : les premières mesures de “Pump up the jam” de Technotronic.

C’est que “60 jours, 60 nuits” est un mille feuille : de courtes séquences, alternent entre la coquette maison de Lalanne dans les Yvelines, et le pavillon de Joey dans le neuf-trois. Un couche de rappeur-qui-fait-peur, une couche de chanteur-romantique-à-queue-de-cheval. Et comme le principe de la télé-réalité, c’est d’en donner à la caméra, eh bien, chaque gaillard fait son show. Chacun à sa manière : Lalanne, tout sucre tout miel, semble cabotiner du soir au matin, Starr insulte le caméraman et le preneur de son (qu’il a affectueusement surnommés ses “connards”). Il faut dire que le premier jour de tournage, le rappeur avait oublié qu’une équipe devait venir le filmer. L’accueil fut du genre froid.

On suit également Lalanne, qui trinque avec du saké dans un resto, qui discute avec les inconnus dans la rue, leur offre un croissant à la boulangerie, apprend à jongler à sa fille, et qui part faire un saut à Marseille pour voir son ami Frank Leboeuf qui joue au Vélodrôme. Dans le train du retour, il sympathise avec une mère de famille et son bébé. Il change la couche du môme dans le hall de la gare, et une fois dans le TGV, lui donne le biberon et lui fait faire son rot. C’est la type même du brave gars, pas bégueule avec les inconnus, qui va voir sa maman, qui garde sa collec’ de soldats en plomb, et à qui il baise la main. Lalanne fait son Lalanne. Dans les années 80, il pleurait sur le plateau télé de Sabatier. Aujourd’hui, une barbe courte, il a toujours les cheveux et le manteau long, des bottes de cuir noir et un regard de gamin gentil mais qui semble se demander ce qu’il fait sur notre terre. Starr, c’est le bad boy, qui va à une soirée au Pink Platinium, se fait arrêter en chemin par les keufs. Qui laisse sa coloc’ Fatou faire le ménage dans l’appart’. Qui part au Japon assister au combat de boxe de son ami Jérôme Le Banner. Starr fait son Starr.

Seul hic : on voit peut chacun de ces artistes dans leur rôle d’artiste : on a juste vu Lalanne aller s’enfermer au studio du Palais des Congrès. Starr, quant à lui, est plutôt dans un trip jeux vidéo et télé. Dommage. Espérons que cette télé-réalité vire un peu au doc au lieu de se limiter à filmer complaisamment deux peoples.

“60 jours, 60 nuits”du lundi au vendredi en clair à 20 h 05

le samedi à 21 h 00 en crypté

J-Marc Grosdemouge