Marcio Faraco "Interior"

Marcio Faraco "Interior"

Une fois n’est pas coutume, je vais vous raconter un histoire. Ne m’en voulez pas si je m’étale sur moi moi moi, ma petite personne, etc. mais cette histoire me concerne. Cette histoire se passe le 20 juin 2002. A la veille de la fête de la musique, Universal Jazz organisait une soirée à l’Elysée-Montmartre avec de nombreux artistes du label : “This is our music”. Le guitariste Gérard Curbillon, l’accordéonniste Daniel Mille (dont l’album “Entre chien et loup”, sorti en 2001 est une merveille), Lokua Kanza, Mino Cinelu et le Brésilien Marcio Faraco étaient là.

Ce jour-là, j’avais travaillé à un boulot alimentaire comme beaucoup de journalistes précaires comme moi consentent à faire pour acheter du temps libre et calmer l’ANPE. C’est donc très tard (voiture garée rue Lepic mais avec ô combien de difficultés), très fatigué que j’arrive dans la salle, bondée et surchauffée (nous sommes en juin je le rappelle). Muni d’un appareil photo numérique, je m’approche de la scène, prends des clichés et profite du spectacle.

Les musiciens défilent, intérprètent une chanson, se donnent des coups de mains, c’est un boeuf bien agréable et très cosmopolite. Vient l’heure de Marcio Faraco. Je connais juste un titre de lui, j’ai le single à la maison, et puis tout ce qui est chanté en brésilien, ça me retourne. Croyez-moi si vous le voulez, mais Marcio Faraco, assis, avec sa guitare et son sourire franc, sa voix d’ange, m’a donné l’impression physique que je n’étais plus fatigué. Il n’était plus 23 heures et je n’avais plus une journée de boulot dans les pattes. Non, je marchais pieds nus dans Rio.

Si je vous dis maintenant qu’”Interior”, le nouvel album de Marcio Faraco (auquel ont collaboré Daniel Mille, Kenny Barron ou Mino Cinelu), est très joli, je crois que j’ai tout dit. Des ballades (“Efêmera”, “O sobrevivente”) aux titres plus rythmés (“Sarapatel humano”, “Saudade quando dà”), Marcio Faraco impose une touche délicate à chaque titre. Les paroles des chansons, superbes, sont traduites dans le livret. On recommandera notamment “Nosso amor de tanto tempo” (“Notre amour de tant d’années”) : “notre amour de tant d’années / Enfoui dans la mémoire / De temps à autre fait surface / D’autre fois s’en va”. Grand mélodiste, poète inspiré, chanteur rafiné, Marcio est tout cela. Un grand est né.

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Marcio Faraco “Interior”, 1 CD (Universal Jazz), 2003

Efemera / O Destino Espera / O Ceu E O Mar / Sumidouro / Nosso Amor de Tanto Tempo / Sarapatel Humano / Saudade Quando Da / O Sobrevivente / Um Dia Eu Vou / Pao Com Pao / O Outro Lado

première publication : jeudi 23 janvier 2003

Jean-Marc Grosdemouge