Señor Coconut and His Orchestra "Fiesta songs"
Après avoir produit le groupe français Holden (dont l’album “Pedrolira“ a bénéficié, et comment !, de toutes ses idées tarabiscotées), Uwe Schmidt est de retour. Lui qui officie en tant qu’Erik Satin, Atom Heart ou Lassigue Bendthaus (j’en passe, la liste est longue), revient sous son costume d’amuseur le plus connu : en meneur de cojunto cha cha et merengue.
Même s’il a enregistré des dizaines d’albums sous des pseudos divers, c’est surtout son travail cha cha cha qui l’a fait connaître. Ses reprises de Stones, ou sa réappropriation de l’univers du pianiste français Erik Satie ne sont pas (encore) connus des gens qui suivent de près l’actualité musicale. Mais ils n’ont pas fait autant de bruit que sa relecture de l’oeuvre du groupe électronique allemand Kraftwerk version sud-américaine, sur l’album “El Baile alleman” (la danse allemande). Avec lui les musiques robotiques du quatuor de Dûsseldorf devenaient des morceaux chaloupés, avec percussions latines et vibraphone idoine. Schmidt vit à Santiago du Chili : la culture sud-américaine, il la vit de l’intérieur.
Reste que l’homme est tellement foutraque qu’on peut toujours se demander si cette deuxième livraison cha cha-cumbia n’est pas opportuniste. D’autant plus que ce n’est plus à un groupe culte dont le très grand public ignore l’existence, mais à des méga-tubes et à des grands remplisseurs de stades que notre allemand s’attaque. Heureusement, les soupçons s’envolent à l’écoute de ses reprises de pop (“Beat it” de Michael Jackson, “Smooth operator” de Sade, ou “Blue eyes” d’Elton John, chanté), de musique électronique datée (“Oxygène part. 2” de Jean-Michel Jarre) ou de rock (“Riders on the storm” des Doors, ou “Smoke on the water” de Deep Purple, dans la langue de Molière et dans celle de Cervantès). Et puis Coconut propose aussi quelques morceaux personnels qui ne jurent pas avec les reprises de standards.
Toutefois, ce disque s’adresse plutôt à ceux qui écoutent beaucoup de choses, et qui, parmi les vingt disques au moins qu’ils achètent pas mois, aiment à choisir une petite bizarrerie marrante pour changer un peu de la routine que peut induire l’écoute prolongée de groupes autrement spécialisés. Des groupes qui, eux, ont parfois l’habitude de se prendre la tête. Schmidt est “crazy in da coconut”, comme diraient The Avalanches, à qui on ne la fait pas non plus, question déconne.
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Señor Coconut and His Orchestra “Fiesta songs” (Naïve), 2003
