Thomas Fersen "Pièce montée des grands jours"

Thomas Fersen "Pièce montée des grands jours"

Imaginez une vieille voix nasillarde ORTF : “Les zaventures de l’ex-cel-lent Thomas Fersen, épisode cinq”. Cinq… comme ça passe vite le temps. C’est déjà le cinquième album de Thomas Fersen, si l’on excepte le généreux live sorti en 2001 (“Triplex”).

Le décor du dernier épisode : la charcuterie aux carreaux vichy rose et blanc de notre enfance. Cette photo (signée Jean-Baptiste Mondino) n’est pas hors-sujet : il est question de nourriture dans ce disque. Et notamment sur la chanson-titre, “Pièce montée de grand jours”, interprété en duo avec Marie Trintignant) Depuis la grande période Gainsbourg et ses actrices (Deneuve, Adjani, Anna Karina, Bardot, etc.) on n’avait jamais autant entendu de demoiselles du septième art sur disque : Irène Jacob chante avec Vincent Delerm, Chiara Mastroiani avec son époux Benjamin Biolay. Même Elisa Tovati chante : je n’en dirai rien, je ne l’ai pas entendue. Mais Fersen. Fersen ne fait pas de cinéma : il ne réalise pas, n’a même pas de petits rôle ici ou là. mais il conte des histoires à merveilles. Et si cela peut sembler convenu, son style est est très imagé. Fini les histoires d’animaux. Ici il est question de nourriture : celle dans laquelle on tente de faire passer de limes et des pelles à des prisonniers (“Pièce montée de grands jours”), celle à laquelle rêve un croque-mort (“Croque”), et de flemmarder (“Deux pieds”, “Les cravates”)
Cet album, réalisé par Thomas Fersen lui-même, rompt avec le swing des précédents albums : la production oscile entre chansons rock (“Le chat botté”), titres aux arrangements symphoniques (“Né dans une rose”) et ballades dépouillées (“Borborygmes”). Dix ans après ses débuts remarqués, Thomas Fersen se réinvente et signe un album formidable.

*****

Thomas Fersen “Pièce montée des grands jours”
(Tôt ou Tard/Warner)

vendredi 25 juillet 2003

Jean-Marc Grosdemouge