Dani "Tout dépend du contexte"

Dani "Tout dépend du contexte"

De chansons pop-rock (“Ce n’est rien”, qui n’a… rien à voir avec la chanson de Julien Clerc, “Mon chou”, dans laquelle Dani explique qu’on peut lui prendre la main mais pas le chou, “Qu’est-c’t’as qu’est-ce t’a pas”, “Shaker”) en ballades (“Tout dépend du contexte”, “Tout est à vous”, “Trois petites larmes”, qui ressemble à un hommage à “Smoke gets in your eyes” des Platters, “Ca va passer”), Dani promène sa voix grave avec le feeling d’une panthère, proche parfois de la déclamation (“Carte postale”). On sent en elle l’instinct d’une grande prédatrice sûre de son fait. Et il y a de quoi.

Réinstallée dans le coeur du public il y a deux ans grâce à un duo scénique avec Daho (“Comme un boomerang”, chanson créée par Gainsbourg pour l’Eurovision 75, mais que le jury de sélection français refusa parce qu’il trouvait indécents les mots “exsange” ou “aimer comme une dingue”), revoici Dani avec un nouvel album (où elle est très entourée), dix ans après “N comme never again” (un album produit par l’ex-Strangler Jean-Jacques Burnel et réédité l’an passé). La perpignanaise Danielle Graule fait partie de nos artistes dits “atypiques” (quoique que chaque artiste se doit en théorie de l’être). On sait qu’en France, où l’on valorise la différence dans le discours pour mieux l’empêcher dans les faits, être atypique ne veut pas forcément dire succès assuré. C’est même plutôt synonyme d’alternance de gloire (meneuse de revue ou direction d’une boite de nuit) et de moments moins drôles (des participations aux meetings de VGE lors de la campagne électorale de 1974, et des années sans enregistrer de disques, ceci n’ayant aucun rapport avec cela).

Heureusement, des gens croient en Dani, et et plusieurs paroliers et compositeurs (dont Alain Lanty, qui a souvent collaboré avec Vanessa Paradis, ou Philippe Poirier, de Kat Onoma) se sont mis à son service pour rendre en compte en chansons de son univers éclaté. C’est que la parcours multi-cartes de Dani de ceux dont le CV passe par le mannequinat, la chanson (avec plus ou moins de bonheur), le cinéma, et même… la vente de roses. Peut-être est-ce d’ailleurs pour cela que Frédéric Lo et Daniel Darc lui ont écrit “Rouge Rose”. Le côté maîtresse-femme et artiste touche-à-tout de Dani fait penser à celui de Guesh Patti. La fameuse interprète du cultissime “Etienne” a enregistré un titre avec Gonzales l’an passé. On retrouve d’ailleurs Gonzales aux choeurs sur quelques titres.

“Reine d’Autriche” (musique d’Alain Chamfort, et paroles de Pierre Grillet, auteur de “C’est la ouate” pour Caroline Loeb) la dévoile telle une Brigitte Fontaine plus réservée, moins extravagante… vêtue de noire. L’ami Daho, signe les musiques de “Ce n’est rien”, “Chanson pour un salaud” (paroles de Christophe Miossec) et celle du “Générique”. Dani y remercie son équipe, comme on le fait dans les génériques de films, ou en tout petit dans les pochettes de disque. Cela confirme que ce disque est avant tout une histoire d’amitié.

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Dani “Tout dépend du contexte”, 1 CD (Tréma/Sony Music), 2003

lundi 15 décembre 2003

Jean-Marc Grosdemouge