Nils Petter Molvaer “Streamer”

Nils Petter Molvaer “Streamer”

Ce n’est pas par hasard que l’on qualifie bien souvent la musique du Norvégien d’éthérée. Nils Petter Molvaer lui-même a baptisé l’un de ses disques “Solid Ether”, paru chez ECM, et cette composition figure à la fin de “Streamer”. Solide, le son du trompettiste l’est également, notamment quand son compère DJ Strangefruit incorpore à “Frozen” des samples de DJ Die, un artiste signé sur le label anglais de drum and bass Full Cycle, créé par Roni Size.

Rencontre magique entre l’apesanteur du jazz et la lourdeur des beats jungle, avec une pincée d’electronica, la musique électronicool de Nils Petter Molvaer ne ressemble ni aux expérimentations du Miles Davis des années 80 ni au Français de chez Blue Note Erik Truffaz.

Elle n’appartient qu’à lui… et aux publics du Marquee (célèbres salle de Londres) et du festival de Tampere, en Finlande, venus écouter l’un des lives dont il a le secret. Dense, charnel, dans une ambiance de fumée à couper au couteau, un concert de NPM est une expérience. Avec son groupe (ici Eivind Aarset à la guitare, Raymond Pellicier aux loops et machines électroniques, DJ Strangefruit aux platines et Rune Arnesen à la batterie), il convoque la technologie et le swing mutant.

Cet album a tout du bienfaisant “Sauna” (le titre d’une des compositions figurant sur cet album), tradition nordique s’il en est, non pour votre corps mais pour vos oreilles. Son titre évoque un courant (stream en anglais) d’air chaud qui forme une légère vapeur à la surface de la mer.

On connaissait déjà un Norvégien susceptible d’intéresser tout autant les fans de Keith Jarrett que les clubbers biberonnés à la house (Bugge Wesseltotf), et voilà qu’on a trouvé le cousin scandinave d’Yvinek. Et un ami pour notre balladeur lors des nuits d’errance dans les rues vide d’une grande ville.

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Nils Petter Molvaer “Streamer”, 1 CD (Sula/Wagram), 2004

première publication : jeudi 11 novembre 2004

Jean-Marc Grosdemouge