François Hadji-Lazaro "Contre-courant"

François Hadji-Lazaro "Contre-courant"

François Hadji-Lazaro, auteur-compositeur-interprète multi-instrumentistes (il fut l’un des premiers à réhébiliter la vielle à roue dans les années 90) est un homme multiple : acteur (notamment chez Eric Barbier ou dans “La voce della luna”), patron de label (les regrettées Boucherie Productions), il a participé à de plusieurs groupes, parfois simultanément : Los Carayos, les Garçons Bouchers, et Pigalle.

Les Garçons Bouchers, c’étaient le côté contestataire (“Ecoute petit frère”), poivrot (“La bière, qu’est-ce qu’elle a fait de moi la bière ?” ou “Du beaujolais du bon et du bien frais, pour oublier la nuit où est partie Marie” sur l’air de “No milk today”) et potache (la reprise de la “Lambada”, qui clamait “la lamabada, on n’aime pas ça, nous on préfère la java”). Pigalle, c’était la chanson réaliste (l’album “Regards affligés”), l’univers poétique, les histoires de petites sirènes dans le port de Copenhague ou de halles de Rungis. Un univers un brin passé mais attachant.

C’est sur cette lancée que poursuit FHL en solo, avec des textes proches de Topor (“Bateau-phare et bathyscaphe”). Topor avec qui François Hadji-Lazaro avait travaillé avant sa mort (“FHL détexte Topor”). Sinon, ce sont des instantanés quotidiens doux-amers, des visites au marché ou dans les vide-greniers, et quelques réflexions bien senties (“Le chômage a des vertus”, “La terre ne s’use que si l’on s’en sert”).

Bien qu’ayant dû trouver abri chez une major (sûrement un peu à contrecoeur après la mort de Boucherie Productions), Hadji-Lazaro reste un poète rock-réaliste un brin en marge. C’est dommage parce qu’il a beaucoup de choses à communique au grand public. Mais son esprit punk ne doit pas en soufrir.

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François Hadji-Lazaro “Contre-courant”
1 CD (AZ/Universal), 2004

mercredi 1er décembre 2004

Jean-Marc Grosdemouge