Kurt Rosenwinkel “Deep Song”

Le plaisir est grand de retrouver sur disque cette paire de cadors qu’on a vue l’été dernier sur la scène du Parc Floral de Paris : autour du guitariste Kurt Rosenvinkel, se pressent (accrochez-vous) : Ali Jackson (batterie), Joshua Redman (saxophone), Larry Grenadier (contrebasse) et Brad Mehldau (piano). Oui, mais me direz-vous, les guitaristes de jazz, ça passe (George Benson) ou ça casse (Pat Metheny ces derniers temps). Kurt Rosenvinkel emprunte le funk du premier, qu’il adoucit à la manière du second. Ce disque diffuse donc un doux swing, tout en permettant à ses invités de marque de faire montre de leurs talents respectifs. Ainsi Brad (oui, depuis que je l’ai interviewé, je l’appelle par son prénom) débute “Use of light”, morceau fantastique de douceur, par du piano solo pendant un peu plus d’une minute. Ce disque, qui illustre exactement pourquoi on aime le jazz (cela ne vire jamais à la compétitions d’egos) n’est pas une captation live, mais a été enregistré après que le groupe ait tourné sur scène. On saisit donc immédiatement pourquoi est si grande la cohérence entre ces grands musiciens, qui pourraient faire cavalier seul. Ici, seul l’amour de la belle ouvrage jazzy monte en selle, fait quelques ruades pour nous impressionner, et tel un mustang de rodeo qui envoie valser le pauvre qui essaie de le monter, nous laisse sonnés. Sonnés par tant de magie. On appelera ça “l’effet ‘Deep Song'”.
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Kurt Rosenvinkel “Deep Song” 1 CD (Verve/Universal Jazz), 2005
9 avril 2005