Katerine "Borderlive+Studio Live"

Sur scène, le Vendéen Philippe Katerine se peint le corps. La peinture sur soi est -notez le, l’une des pratiques favorites des pyschotiques lors d’une bouffée délirante. La seule différente entre un fou et Katerine, c’est que Katerine n’est pas fou. Juste un peu hors-normes… à la limite, borderline.
Et grâce à Alan Gac, qui dans les années 90 l’a signé sur son label Rosebud, Katerine est aujourd’hui au sein d’Universal, et sa folie douce a ainsi contaminé pas mal de monde. Parce qu’être soutenu par une major, ça aide quand même à bien des égards à propager son art. Art brut dans le cas de Katerine, sauf que cet art brut ne se travaille pas entre les murs (capitonés) des asiles d’aliénés mais dans les salles de concert de l’Hexagone, devant des gens tout heureux de payer pour voir l’attraction.
Depuis la sortie de l’album “Robots après tout”, il a silloné la France, y a donné 80 concerts, dont témoigne en grande partie ce DVD. Sans souci de conformation (on passe parfois d’une petite salle de province au Zénith de Paris dans une même chanson), on suit le chanteur, accompagné du groupe La Secte Humaine, et l’on constate que sur scène comme hors de scène, notre homme s’amuse bien. Généreux comme pas deux, il nous offre également les clips de ses chansons (“100% VIP”, “Louxor J’adore”, “Excuse moi”, “Qu’est-ce qu’il a dit ?”) et a enregistré spécialement pour le DVD des chansons de ses personnages Boulette (une gamine qui chante par exemple “Caressez vos étrons”) et de son pendant mâle et cacochyme le Général Fifrelin, qui ferait passer Sardou pour un chanteur progressiste. Et le CD de cette édition limitée n’est pas la bande son du film, mais les chansons intérprétées en studio dans leurs arrangements de scène.
Certains artistes suivent un rituel imuable : enregistrement, sortie de l’album, promo, tournée, sortie du DVD live, promo, repos. Mais pour un cerveau en ébulition comme celui de Katerine, suivre un schéma est inconcevable : aussi pour son premier live, il la falit “à la Katerine”, c’est à dire généreux dans le loufoque. Et à part Les Wampas, on a rarement vu une telle attitude “do it yourself” s’accomoder de la stratégie des majors. Avec une esthétique volontairement crade (ses affiches de concerts sont déjà détournées au marqueur) et des textes comico-trash, Katerine secoue un peu la Sarkozie. Contre les nains autoritaristes, une seule solution : raliez vous au sous-pull mauve.
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Katerine “Borderlive+Studio Live”
1 DVD + 1 CD (Barclay/Universal); 2007
dimanche 25 novembre 2007