Ludéal "Ludéal"

Ludéal "Ludéal"

Comme le fait de dire, à la suite de toute la presse ou presque, que Ludéal est fan de Bashung, relève de plus en plus du storytelling, ou au mieux de l’angle journalistique un peu facile, commençons cette critique par un argument un peu original : Ludéal crée un univers qui est justement original.

Entre chanson sombre à cordes (“Foule frénétique”), rock et folk americana, ce jeune auteur-compositeur livre déjà son fameux “album la maturité”, celui qu’on livre généralement quand on a approche de la dixième année de carrière. Vertu de la crise du disque : maintenant les artistes donnent tout tout de suite, sur le premier album, de peur de ne pas pouvoir sortir le deuxième. Même si sa “Foule frénétique” renvoie, même indirectement à la “Foule sentimentale” et que le “Costume de nonne” ravive en nous cette histoire de “rouquine carmélite” dans “Gaby Oh Gaby”, Vincent Ludéal et sa poésie cut up, ses images surréalistes et sa voix plein de lassitude gracieuse, donne vraiment un éclairage particulier à la chanson française. Ni estampillé “qualité française” (les Pagny, Zazie, Goldman formatés pour Cherie FM) ni underground-qui-se-vendra-pas produit par on ne sait quel producteur rock US, ni petit frère de Dominique A et Miossec, ni cousin de Cali, ni beau frère de Bénabar, ni pote de Delerm, Ludéal est lui-même : il fait de la chanson en français, ne milite pour rien (on a pas l’impression d’écouter douze pétitions chantées) mais ne vide pas non plus la tête avec des sornettes de “je t’aimais-je t’aime-je t’aimerai”… Au fond, si sa voix et sa démarche exigeante pourrait lui valoir le stataut de Manset trentenaire, Ludéal ressemble finalement beaucoup à certains chanteurs francophones suisses (Jérémie Kisling, Stéphane Eicher) ou belges (Arno, Saule) qui, derrière leurs frontières, ne synthétisent de la culture française que le meilleur…

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Ludéal “Ludéal”
(Columbia/Sony-BMG)

mercredi 20 février 2008

Jean-Marc Grosdemouge