Grizzly Bear “Veckatimest”

Grizzly Bear “Veckatimest”

Nos confrères de “Magic” trouvent le groupe Grizzly Bear plus innovants que Radiohead (à voir) et plus lisibles qu’Animal Collective (pas difficile car pour intéressant qu’il soit, ce dernier groupe est sacrément foutraque). Et on ajoutera : plus froid que Neil Young. Car notre grizzly officie dans un registre folk, auquel il faut -c’est moderne- ajouter un préfixe : faites votre choix entre anti, free ou lo-fi. C’est qu’on est pas chez Warp pour rien.

Le label anglais, qui fête d’ailleurs ses vingt ans cette année, est connu pour accueillir ou avoir accueilli nombre de bidouilleurs de machine, et Grizzly Bear enveloppe ses compositions boisées dans des volutes d’expérimentation, ce qui donne une production entre ultra-modernité et vive rustique à la campagne. Un peu comme un bucheron, qui le soir, se connecterait sur Facebook en écoutant Autchre.

On apprécie “Veckatimsest” pour son infini sens du détail, ses choeurs tarabiscotés, cette acoustique rehaussée d’effets… Mais cet album est parfois à l’image du bûcheron dont on parlait : il a 10 000 amis sur Facebook, mais ne croise jamais personne. Nos quatre compères donnent parfois l’impression de jouer en autarcie : à l’auditeur d’approcher et d’entrer dans leur univers bizarroïde, rendu familier justement par le folk, qui affleure en sous-couche. Mais c’est justement ce sentiment d’un art à moitié déshumanisé qu’on est toujours venu chercher chez Warp, donc pas la peine non plus de trop jouer les étonnés.

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Grizzly Bear “Veckatimest” (Warp/Discograph), 2009

Southern point / Two weeks / All we ask / Fine for now / Cheerleader / Dory / Ready, able / About face / Hold still / While you wait for the others / I live with you / Foreground

J-Marc Grosdemouge