“He took us by storm. 25 lost classics from the Bob Dylan folk-rock revolution era”

“He took us by storm. 25 lost classics from the Bob Dylan folk-rock revolution era”

Les histoires de compilation peuvent commencer dans une voiture entre Rochefort (cette fois sans les demoiselles) et Paris, comme le raconte le concepteur de celle-ci, Philippe Le Bras : en compagnie de Marc Zermati (à qui ladite compil est dédiée), il conduit le poète et ancien manager du MC5 John Sinclair vers la Capitale. Dans les enceintes, aucune FM asseptisée mais un album dûment estampillé classique : “Blonde on Blonde” de Bob Dylan. “De la première à la dernière chanson, se souvient en substance Le Bras, il chantait, tout en faisant la rythmique en frappant des mains sur ses genoux”. Interrogé, Sinclair confie combien la découverte de Dylan l’a remué. Une révélation, une épiphanie.

“Il a débarqué comme une tempête” a bien résumé John Herald, qui connait bien Greenwich Village, quartier folk et bohème de NYC, pour avoir participé à son histoire culturelle. Ainsi Le Bras avait son titre et son concept : non pas des reprises de Dylan par d’autres artistes. Il y en aurait de quoi pondre une compil par mois pendant dix ans, mais ce qui aurait été tentant pour le premier venu ne l’était pas pour Le Bras. Lui voulait mettre à l’honneur des artistes dont l’art doit beaucoup au Zim et appeler le disque “He took us by storm” voilà qui aurait de la gueule.

C’est le label allemand Bear Family, qui ouvre depuis longtemps à la transmission du patrimoine rock, qui se charge de fabriquer et distribuer la chose. Au menu, pas mal de gens aussi intéressants que méconnus (je n’avais jamais entendu parler de Eric Andersen, len Chandler casey Anderson ou Sammy Walker, mais Dino Valenti, si oui une fois grâce à Hugo Cassavetti chez Lenoir) mais aussi Bobby Darin, Boz Scaggs, Lou Reed, David Crosby, Donovan ou (plus surprenant)… Dion, qui ouvre le tracklist. Et dont Dylan a dit le plus grand bien. Car oui, le livret est épais, chaque artiste est présenté, les citations sont sourcées, du vrai travail d’orfèvre.

Comme Dylan est furieusement à la mode (le Prix Nobel de Littérature 2016 sera la semaine prochaine en concert à la Seine Musicale) et l’on envie un jeune homme qui tombant sur cette compil croirait acheter une compil de Bob : il va s’ouvrir mille chemins de traverse musicalement. Car chaque artiste présent ici ouvre une piste à suivre, une discographie à explorer, des territoires sonores inconnus. S’apercevant de son “erreur” (qui n’est pas une, mais un joli coup du destin), il n’aura qu’à acheter “Blonde on Blonde” ensuite (6.90 neuf j’imagine). Voilà comment s’écrivent les belles histoires et comment l’amour de la musique continue à irriguer la vie, de façon souterraine (comment ils disent les Américains ? Ah oui… underground).

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Jean-Marc Grosdemouge