Julien Ribot et le Hitoribocchi Orchestra “Hôtel Bocchi”
Julien Ribot signe avec “Hotel Bocchi” un album riche, audacieux et délicieusement seventies. Entre passages symphoniques, paroles burlesques et inventivité sans limite, il nous embarque dans un manège musical à la fois moderne et classique.
Voici un album qui est moderne mais sent le classique. Un peu trop, oui, parfois, c’est un tout petit reproche qu’on peut lui faire. Mais il y a dans cet “Hotel Bocchi” des passages symphoniques de toute beauté, qui ne dépareilleraient pas sur l’album “Melody Nelson”, et une recherche mélodique qui nous rappelle qu’on est sur un album Ici D’ailleurs, qui sort les albums de Yann Tiersen.
Les chansons de Julien Ribot n’ont rien de minimal. Elles sont, au contraire, riches en arrangements et fort bien produites, et surtout, elles exhalent un petit parfum seventies, une folie douce propre à cette période flotte dans l’air, comme dans les albums du label Tricatel, et ça, c’est bon. Il y a de jolies petites perles, comme “Capers” ou “Une maison connue”, qui, avec leurs notes de trompette, sont dignes des chansons de Cousteau (le groupe, pas le commandant).
Ribot place donc la barre haut, mais il peut se le permettre : ses chansons méritent un écrin très classe, dans lequel elles puissent s’épanouir comme il faut. “Hotel Bocchi” est un album qui fourmille d’idées, mais manque peut être un peu parfois de cohérence, aussi. Inviter Françoiz Breut sur son premier album, c’est s’exposer à être classé dans une certaine famille “rock français à texte”. Risqué. Mais voilà, c’est pour ça que Ribot séduit, parce qu’il prend des risques, distilles des tas et des tas d’idées sur cet album, quand d’autres l’auraient joué à l’économie. Bien vu quand même, car une fois le disque placé dans la platine, ce petit lait se boit d’un seul trait.
Oui, je sais mes propos partent dans tous les sens, mais ils sont à l’image de la musique de Julien Ribot, sorte de montagnes russes qui nous emmènent dans un manège. On se laisse secouer par des cordes très aériennes, puis par un rythme endiablé très terrestre. Le tout cerné par des paroles un peu burlesques : Julien narre une plongée express dans un club strip tease et ses “fesses japonaises, fesses américaines, fesses espagnoles (etc.)” (“7000 dollars”).
Sur d’autres titres, il est question d’anges, de cowboys et de cobayes, de comètes qui “commettent des silhouettes”, ou alors quand il raconte ses soucis de retards, une foule imaginaire répond à Julien : “arrêtes, tu nous énerves”. Autant dire qu’on ne partage pas cet avis, et qu’on avis, au contraire, de lui dire : “vas y continue, tes chansons nous divertissent bien…”
★★★☆☆
Julien Ribot “Hotel Bocchi” (Ici d’Ailleurs/Wagram)
lundi 31 décembre 2001
