Michel Polnareff “Kâma-Sûtra”

Après des année de silence, un retour spectaculaire du Français exilé en Californie, entre grandiloquence et mélodies imparables. S’il n’égale pas les sommets de Polnareff’s (1971) ou Bulles (1981), Kama Sutra témoigne d’un artiste en quête d’un nouveau souffle. Loin d’être un échec, c’est un disque attachant, même s’il reste en demi-teinte.
“Kama Sutra”, un album qui tranche avec ses productions passées en adoptant un son plus électronique, flirtant avec la pop synthétique et les arrangements typiques de la fin des années 80. Après des années d’exil et un silence prolongé, on attendait peut-être un retour plus éclatant, plus audacieux. Mais Polnareff, fidèle à lui-même, surprend par des choix qui oscillent entre la nostalgie et une volonté d’embrasser la modernité… avec des résultats contrastés.
L’album s’ouvre sur “Les Boul’ À Zéro”, une chanson qui rappelle les grandes heures eighties du chanteur (“Radio”), avec sa voix inimitable et des envolées mélodiques immédiates. “Besoin De Toi”, quant à lui, lorgne du côté d’une pop sentimentale aux accents FM, efficace mais parfois un peu lisse. C’est surtout sur “Kama Sutra”, morceau-titre, que Polnareff se permet quelques audaces, entre rythmiques électroniques et ambiances lascives, où sa voix semble se glisser avec une facilité déconcertante.
Le souci, c’est que l’album peine à tenir sur la longueur. “Comme Un Tatouage (Et Je Matelot)” manque de relief et “LNA HO” est un poil gag. Malgré des intentions louables, la production datée empêche parfois les chansons de décoller. Il reste néanmoins quelques pépites : “Goodbye Marylou”, ballade touchante sur les rencontres à distance (Minitel ? Internet n’est alors qu’un truc pour l’armée et les universitaires) ou “Toi et Moi” qui invite à protéger ses rapports sexuels (“on s’capotera, toi et moi”). Sur “Amour Cachets”, où Polnareff parvient à conjuguer romantisme et mélodie entêtante avec une certaine grâce. l n’est pas plus aux fraises que Elton John : les deux sont parfois proches du génial et la seconde d’après à deux doigts du kitsch.
★★★☆☆
Michel Polnareff “Kâma-Sûtra”, 1 CD (Epic), 1990
Les Boul’ À Zéro / Besoin De Toi / Toi Et Moi / Kama Sutra / LNA HO / Comme Un Tatouage (Et Je Matelot) / Goodbye Marylou / Amour Cachets