“Télérama” consacre un hors-série à Johnny

Non, vous ne rêvez pas. L’hebdomadaire “Télérama”, qui parle de rock mais n’est pas tellement suspect de “rock’n’roll attitude” à la Hallyday, consacre un numéro entier à notre Jojo national, à l’occasion de ses soixante ans.
Dans son éditorial, Philippe Barbot n’en fait pas mystère : au fond “Télérama” et Johnny, ce ne sont pas deux univers proches, et le journaliste évoque le “septiscime général de la rédaction” quand fut évoquée l’idée de ce hors-série. Un hors série qui tranche avec les thèmes évoqués dans ces numéros hors-série d’habitude consacrés à l’art (De Staël, Cartier-Bresson, Dubuffet, Matisse-Picasso, etc.) ou à des figures plus “dans le ton” de l’hebdo (Tati, Brassens).
Au final, ladite rédaction a bien fait d’aller contre ses préjugés, car ce numéro fait un panorama intéressant de la longue carrière de Johnny (quarante ans). On y croise ses collaborateurs (comme Erick Bamy ou son coach Hervé Lewis), ou ses proches (sa tante Desta), ses paroliers (Billon, Sagan, Labro, Ravalec, Miossec, Zazie, son fils David, et même Bénabar… auteur d’un texte refusé par l’Idole) et même son sosie, Denis Le Men, Johnny Rock. La vie privée de Johnny (son mariage avec Sylvie Vartan) ou sa carrière cinématographique de “D’où viens-tu Johnny” en 1963 à “L’homme du train” sont aussi évoqués.
Yazid Manou signe un article qui nous apprend que c’est Johnny qui le premier fit monter un certain guitariste nommé … Jimi Hendrix sur scène en France, en “vedette américaine.” On revient aussi sur un épisode peu connu de discographie de Jojo : une adaptation musicale de “Hamlet”, en 1976 qui fut un bide total : “On ne fait pas d’Hamlet sans casser d’oeufs“, ironise-t-on.
Jacques Séguela, qui a toujours quelque chose à dire sur tout, répond aux propos de Benjamin Jérôme, qui l’interroge sur la “marque Hallyday”. Il est vrai que Johnny a tout vendu sous son nom : briquets, parfums, vêtements, etc.
Philippe Manoeuvre, rédacteur en chef de “Rock and Folk”, qu’on savait fan des Stones mais moins de HallYday, conclut que les “braves garçons” qui allaient applaudir Johnny en 1963, sont bien tous devenus, comme le prédisaient les actualités de l’époque “notaires, percepteurs, ingénieurs ou père de familles“. “Sauf que voilà, poursuit Manoeuvre, quarante ans plus tard, ils continuent tous à aller au concert de Johnny, toujours gamins dans leur tête, comme lui dans la sienne.“
Et s’il fallait n’en retenir que cinq ? Cinq chansons dans l’oeuvre monumentale de Johnny ? Philippe Barbot tranche : pour lui, c’est “L’idole des jeunes”, “J’ai oublié de vivre (qui, selon Johnny est la chanson qui lui Colle le mieux à la peau), “Toute la musique que j’aime”, “Poème sur la septième” (un titre de 1970, “sorte de monologie épique et apocalyptique” déclamé sur du Beethoven, explique Barbot) et enfin “Quelque chose de Tennessee”.
La présentation des incunables de la discographie d’Hallyday (avec des reproductions de pochettes de titres en allemand, espagnol ou japonais) régalera les chineurs. Une bibliographie et une discographie sélective permet à ceux à qui cette lecture a ouvert l’appétit de continuer à potasser…
Télérama hors-série “Johnny. Happy birthday rock’n’roll”, 100 pages, 7,30 euros. En vente en kiosque.
première publication : mardi 27 mai 2003