Pretty Girls Make Graves “The New Romance”

Pretty Girls Make Graves “The New Romance”

“Les jolies filles font des tombes”. A croiser le regard d’Andrea, la chanteuse du groupe Pretty Girls Make Graves, on n’en doute pas une seconde. Sûr que ces grands yeux sont ceux pour lesquels les amoureux éconduits sont prêts à se faire brûler la cervelle et à aller directement reposer dans le caveau familial.

Se reposer, impossible sur ce deuxième album du groupe de Seattle. Cette “nouvelle romance” est d’une énergie folle. “Derek (bassiste) et moi jouions dans un groupe ensemble, explique Andrea. Nick (batterie, clavier et samples) et Jay (guitare, clavier et samples) vivaient ensemble.” Nathan le guitariste vient compléter cette formation.

Le groupe se forme à Seattle en 2001. Les comparaisons avec le grunge doivent être récurrentes ? “Les gens associent beaucoup la ville avec le grunge. Mais maintenant, c’est un souvenir plus qu’autre chose. Il y a même un groupe, appelé Grunge, qui reprend des titres de cette période. C’est un peu folklorique. Je ne sais pas si c’est une blague ou pas”, lance Derek. “Mais personne n’associe notre musique au grunge, ajoute Andrea. Pas toi ?” Non, bien sûr répond en souriant votre serviteur. Mais les gens ont de ces idées parfois… En tout cas, les paroles de la chanson qui clôt l’album, “A certain cemetery”, et qui clament “let’s get out of this mess” (“foutons le camp de ce bordel”) ne font pas référence à la ville qui vit naître Nirvana et le groupe qui nous intéresse aujourd’hui. Phil Ek, qui a notamment travaillé avec Built To Spill par le passé, a produit cet album (“il a rendu cet enregistrement très confortable, il facilite tout, c’est un mec bien”). Tout comme il avait produit le premier, “Good Health”.

Il paraît que le premier album est encore plus puissant que celui-ci. “Plus chaotique, disons” admettent les membres de PGMG, qui considèrent que pour faire de bonnes chansons, il faut savoir mêler énergie et mélodies”. Leur musique, Pretty Girls Make Graves sont d’accord pour la décrire selon l’expression même de Nick : “Electric, eclectic and eccentric”, ce qui provoque l’hilarité générale. On peut trouver la musique de PGMG fougueuse (c’est même ce qui frappe le plus) et noire, comme peut l’être celle d’Interpol : la basse de Derek Fudesco va aussi parfois titiller les fantômes de Joy Divison. Cette musique est aussi très mélodique et… sensuelle Diablement sensuelle. La voix d’Andrea y est pour beaucoup. On avait pas connu de musique aussi rageuse et sensuelle depuis Lush.

Andrea ne délaisse le chant qu’une fois au profit d’un des garçons (“All medicated geniuses” et deux morceaux instrumentaux “Mr. Club” et “7”, sans titre, qui est le septième titre de l’album) viennent prouver que le groupe sait expérimenter, et agrémenter ses compositions d’électronique. L’énergie que met PGMG dans ses chansons ne se fait pas au détriment du bon goût. On peut même parler de sauvagerie raffinée.

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Pretty Girls Make Graves “The New Romance”
1 CD (Matador/Beggars), 2003

Something bigger, something brighter / The grandmother wolf / Mr. club / All medicated geniuses / Blue lights / Chemical, chemical / 7 / The teeth collector / Holy names / The new romance / This is our emergency / A certain cemetary

Photo : Jean-Marc Grosdemouge de gauche à droite : Nick, Derek, Jay, Andrea (assise), Nathan.

Jean-Marc Grosdemouge