Plastikman “Closer”

Plastikman “Closer”

Mutant, futuriste, lent, noir, très noir, voici en quelques mots à quoi ressemble le dernier album de Richie Hawtin alias Plastikman.

Denses et hypnotiques, ces plages de techno froide (pas de quoi rire ou danser) ont tout pour coller à la bande originale du film “Mulholland Drive” (Angelo Badalamenti est lui aussi un adepte des longues nappes de synthés) ou d’un vieux “Nosferatu”.

Ritchie Hawtin (qui pose quelques vocals sur ses titres, avec une voix ultra-grave et robotisée) conseille de pousser les basses au maximum durant l’écoute de ce disque, pour la transformer en aventure sonore. Cela fonctionne parce que ce disque fout parfois les pétoches comme un vrai thriller, et c’est bon de frissoner. “Slow poke” est présenté comme un “Twilght zone mix” (mix “Quatrième Dimension”). Belle référence aussi, puisque cette série avait le pouvoir de faire perdre les repères au téléspectateurs, tandis que Plastikman veut visiblement perdre l’auditeur (consentant) dans les méandres de son âme.

Ce disque “ressemble énormément à la façon dont fonctionne mon cerveau” confie Hawtin. On aimerait pas faire les mêmes cauchemars que lui. Mais ses cauchemars, mis en musique, nous plaisent. Tout comme cette phrase de Céline extraite du “Voyage au bout de la nuit”, à propose de la dépression, me plait : “C’est venu sur moi, noir et lourd. Y’avait pas de quoi rire, et ça m’a plus lâché”.

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Plastikman “Closer”, 1 CD (Novamute/Labels), 2004

Ask yourself / Mind encode / Lost / Disconnet / Slow poke (twilight zone mix) / Headcase / Ping pong / Mind in rewind / I no / I don’t know 

première publication : mardi 20 janvier 2004

Jean-Marc Grosdemouge