Ray Barretto “Time was-Time is”

Ray Barretto “Time was-Time is”

Quand j’étais petit, l’une des premières chansons salsa que j’ai entendues à la radio en France, c’est “La salsa” de Bernard Laviliers. Vous savez, “c’est une latine… de Manhattan, de la résine de macadam / Un coup de fouet, de haut en bas, qui vous soulève, c’est la salsa”. Quand on est né en France, les “frangines portoricaines qui vivent dans le Spanish Harlem”, ça fait rêver. Dans cette chanson, après quelques cuivres, le Stéphanois bodybuildé lance un “Ray Barretto”, et là, des congas retentissent à toute allure. Ainsi, le petit garçon que j’étais a toujours associé le mot “congas” et “Ray Barretto”.

Notez que je ne suis pas le seul à faire ce rapprochement, car le percussioniste est une légende, qui a enregistré des dizaines de disques. Avec son sextet (Joe Magnarelli, Myron Walden, Robert Rodriguez, Sean Conley, Vince Cherico, Bobby Sannabria), Baretto reprend “Syracuse”, nous emmène à mi-chemin entre musique pour danser (c’est enlevé mais pas trop) et la langueur caribéenne (c’est plus rapide que le Buena Vista Social Club), et explore les sonorités enlevées du latin-jazz, de la salsa, et du “cubop”. Ce mélange de Havane (Cuba) et de New-York (terre du bop), qui n’est pas possible diplomatiquement (c’est un euphémisme de dire qu’entre Bush et Castro les relations ne sont pas cordiales) est possible musicalement. Sur la pochette, Ray Barretto regarde ses mains. “Tout ça, c’est grâce à elles” semble-t-il se dire. Et il a bien raison de le penser.

***

Ray Barretto “Time was-Time is”, 1 CD (O+ Music/Harmonia Mundi), 2005

Drume negrita / Murmullo / Mags / Motherless child / One for Ray / The view from here / Time was-time is / Palladium nights / Syracuse / Caper for Chris

première publication : mercredi 22 juin 2005

Jean-Marc Grosdemouge