Cocoon “Cocoon”

Christophe Demarthe n’est pas né de la dernière pluie : il a officié à partir de 1981 au sein de Clair Obscur, une formation qu’il qualifie de new wave, cold wave, indus (“on écoutait Joy Division, Cure, Virgin Prunes, Tuxedomoon”), avec laquelle il a donné des concerts dans lesquels il “interrogeait les codes de la représentation”. “Au Dejazet, un théâtre à l’italienne, nos morceaux avaient été reorchestrés pour orchestre à cordes, et l’on projetait des tableau. Puis on a tout rallumé, pour casser l’ambiance. Cela évoquait la vanité de se rassembler dans un concert pendant que le monde continue à tourner. Il nous est aussi arrivé d’inviter des gens à vivre le concert avec nous sur scène dans une sorte de meublé, pour parasiter le concert, ou de faire des pseudo-jeux télé”, explique-t-il.
Considérant qu’il ne s’est pas passé grand chose de bien intéressant du milieu des années 80 au milieu des années 90, Demarthe avait un peu perdu le goût de la découverte. Il a repris vie à la création lorsqu’il découvert la musique électronique il y a une dizaine d’annes. Et en a fait son miel… dans son cocon. Aujourd’hui, même s’il peut faire naître un morecau par quelques notes sur un clavier, Demarthe passe le plus clair de son temps tel à laboratin à isoler des cellules musicales d’Henri Dutilleux ou Giorgi Ligeti puis à les filtrer, les mouliner dans divers logiciels, afin de les transformer. “Les cellules originales sont difficiles à reconnaître après ce travail”, assure-t-il. Faire beaucoup avec peu : voilà condensé tout l’art du minimalisme, démarche noble et non misérabiliste. Finalement, être musicien ne consiste donc pas à écrire de la musique (Demarthe est un pur autodidacte), mais à provoquer des réactions, et à trier celles qui sont valables et celles qui ne le sont pas. Quand on le compare à Murcof, il dit avoir un album du Mexicain chez lui, “mais on sent un peu les ficelles” ajoute-t-il avec un brin de malice. Projet visuel (l’album contient une plage CD Rom signée Servovalve, qui permet de visionner des animations spécialement créées pour accompagner la musique) autant que musical Cocoon est une entité artistique ambitieuse, et tout sauf une coquille vide. Elle lui sert à nouveau à “interroger les codes de la représentation”. “La musique électronique est intéressante, mais sur scène, on est dans une posture chiante : un mec derrière son laptop qui ne fait rien. Au mieux, il balance la tête en contretemps de la musique. Quand on livre quelque chose, il faut se poser la question de savoir comment comment le donner à voir, d’où les projections. La première apparition scénique de Cocoon a eu lieu en juin 2004. J’essaie d’instaurer une identité visuelle, en même tant qu’un nouveau rapport avec le public”.
Intéressé par le travail de Plastikman (“il travaille avec l’espace”), Demarthe explore avec Cocoon le thème est celui du déplacement : déplacement des sons, des images. Jusqu’au déplacement de l’artiste, qui se dit prêt à prendre la tangente s’il le fallait : “quand les gens sauront à quoi s’attendre lors de l’un de mes concerts, déclare Christophe Demarthe, je passerai à autre chose.”
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Cocoon “Cocoon”, 1 CD (Optical Sound), 2005
Model / Cocoon / Fine Arts / See / Clandestine / Webern / Sleep / Super Time / Night Time / Raimbeaucourt
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dimanche 26 juin 2005