Hymn “Aérogare de barbarie”

Hymn “Aérogare de barbarie”

On a vraiment envie de le défendre cet album, comme on a eu envie de défendre le groupe de Saint Lô 9CH il y a quelques mois. Pourquoi ? Parce que la France, qui aime donner les rênes du pouvoir au mieux à des incapables (non, je ne donnerai pas de noms… vous les connaissez) au pire à des escrocs (insulte au Président de la République, ça va chercher dans les combien ?), la France donc, aime donner ses oreilles à des médiocres : Zazie, Kyo, mais non, je l’ai pas dit.

Au royaume des Deschiens et de NRJ, voici tout de même cinq gars qui n’en veulent, et qui, chose rare dans ces contrées vides de cabines téléphoniques rouges, de bus à impériale et de pillar boxes, savent allier énergie et sens de la mélodie imparable. Les membres d’Hymn (voir notre interview), originaires d’Annecy, et épaulés par David Weber (réalisateur ayant travaillé avec Mickey 3D ou Lofofora) et Lionel Gaillardin (co-réalisateur du premier album de Keren Ann et des premiers singles de Benjamin Biolay) savent mouliner du tube, pondre de la chanson accrocheuse, bref composer des… hymnes. Même si leur musique évoque Voulzy (j’aime bien Laurent et comme Johanna Sebban des “Inrocks”, je suis prête à faire mon outing : j’aime la variété française), le “Marius et Fanny” d’Hymn n’a rien d’une pagnolade qui “fend le coeurrrrrrrrr”. Ici, entre textes sur l’enfance maltraîtée (“C’est moi qui décide”), hommage au commandant Massoud, et chanson à l’extrême limite du libidineux (“Qu’ai-je fait de ces ex-là ?”), la greffe de pop anglaise a sévèrement pris et les embardées prog (“Aérogare de Barbarie”, et son clavier envoûtant) durent pas loin de sept minutes. C’est ce titre qui referme l’album auquel il donne son nom. On est soufflé.

Alors, bon sang ! trêve de défaitisme (celui qui transpirait, je l’avoue, au début de ma chronique), il y a quelques beaux précédents en matière de groupes pop ayant rencontré un large public en France : Les Charts, Les Innocents, L’Affaire Louis Trio. Souhaitons que cette affaire-là ne reste pas annycéenne mais nationale. Elle en a largement les moyens.

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Hymn “Aérogare de barbarie”, 1 CD (Bonsaï Music/Night & Day), 2005

dimanche 3 juillet 2005

Jean-Marc Grosdemouge