"Musiquexpress"
Sur son CV, il a écrit “souriant”. On pourrait ajouter “pas prétentieux”. C’est ce qui se dégage d’Eric Hauswald, 45 ans, animateur de “MusiquexPress” sur France Inter, en semaine à 14 h 30. Chaque jour, il succède à “2000 ans d’histoire”, la meilleure émission de France (c’est un diplômé bac+4 en histoire qui l’écrit) pour une demie heure de musique. “Sans prétention” bien sûr.
“Sans prétention” : la formule revient souvent dans la conversation, et l’on s’apercevra vite pourquoi. Sur son CV, Eric Hauswald a aussi écrit “apprend vite” : normal il a travaillé comme animateur dans des centres de loisirs pour enfants, a bourlingué dans la production radiophonique, enchaînant les passages dans diverses radios FM et voix off pour la télévision, avant d’aterrir chez Radio France en 1989. “J’ai été programmateur musical pendant treize ans, confie-t-il, mais aussi à l’antenne en été, ou lors de soirées exceptionnelles, ou encore en tant que chroniqueur dans des émissions.” Si pour la plupart des auditeurs du “Fou du roi” de Stéphane Bern, Eric est la voix qui, ces dernières années, de 12 heures 40 à 13 heures, les conduisait au journal en passant par “TTC”, “Le Jeu des mille euros” et la bourse, il a commencé à parler de musique dès 1990, dans “On efface tout et on recommence” de Brigitte Vincent. “Quand le statut des intermittents a changé, il y a quatre ans, pour tout un tas de raisons, on m’a mis à l’antenne pour de bon : j’animais la tranche 5 heures-9 heures le dimanche matin. Puis Bernard Chérèze (directeur de programmes d’Inter, NDR) m’a dit que Kriss voulait arrêter ses “Portraits sensibles” sur cette tranche-là pour passer à une émission hebdomadaire. Il m’a proposé le créneau. J’ai dit : je réflé… oui !”
Comment définir “Musiquexpress” ? On y entend des vieilles choses, mais ce n’est pas aussi “patrimonial” que “La prochaine fois, je vous le chanterai”. Les choix sont mélangés, comme dans “Ondes de choc”, mais la couleur d’antenne est moins axée sur les nouveautés. “C’est une émission éclectique, explique Eric Hauswald. C’est le reflet de mon parcours musical : je suis rentré dans la musique par le rock, puis dans les genres, sous-genres, les racines. Pour moi, il n’y a pas de bons et de mauvais genres. Et le critère fondamental pour choisir un titre est tout sauf l’époque. J’ai la possibilité d’ouvrir l’esprit des gens qui ouvrent les oreilles, mais je n’ai pas l’apanage du bon goût”. L’éclectisme de “Musiquexpress” est notamment dû à son heure de programmation : “on n’a pas affaire à un public spécialisé, mais comme on a la chance d’avoir une bonne audience en raison justement de l’horaire, je renvoie les auditeurs vers les émissions spécialisées de la chaîne à chaque fois que j’en ai l’occasion”.
“Musiquexpress” est une émission de programmateur musical qui vient défendre ses choix à l’antenne, chose dont les autres n’ont jamais l’occasion. “Je suis un programmateur à qui l’on a donné un micro. Je ne suis pas une encyclopédie de la musique, explique son animateur. Avant chaque émission, je bosse sur les gens dont je vais parler. Sur six titres diffusés, seuls deux sont de l’année. J’aimerais me faire plus l’écho de ce qui se passe aujourd’hui, mais vu le format, je fais avec”. “Faire avec”, ça veut dire instaurer des rubriques pour chaque jour : “j’aurais pu faire un pousse-disque subjectif, justifie Hauswald, mais j’essaie chaque jour de placer un temps fort. Le lundi, je demande à un musicien qu’elle est la chanson qu’il aurait aimé écrire. Mais cela ne tient pas toujours ses promesses, donc je puise des archives dans le fonds de l’INA. Il y a aussi un morceau à base de guitare. Le mardi, je présente une nouveauté, et il y a un jeu pour gagner des exemplaires de cet album. C’est l’occasion pour nos auditeurs de nous écrire, et de s’exprimer… Le mercredi, on diffuse une chanson en version originale puis sa reprise… mais avec des arrangements vraiment différents. Le jeudi, on présente un album ancien, dans une optique “discothèque idéale”, et le vendredi c’est le disque long : des morceaux de six ou huit minutes, ainsi que les coulisses de l’émission “Le pont des artistes” d’Isabelle Dhordain. Je vais enregistrer les balances et discuter avec les artistes présents dans le studio.”
Enfin, le premier mercredi de chaque mois, place à Zappa : “on ne l’entend presque jamais à la radio, sauf sur FIP, alors que c’est un des compositeurs majeurs du XXe siècle. Sur une radio privée, on me dirait que les auditeurs vont se barrer”. Voilà la chance du service public : on se soucie plus du public que de l’audience pour l’audience. “Je ne suis pas dans un fauteuil réservé, donc je me lâche. Autant s’amuser”, assène Eric Hauswald, qui part dans un rire. “Je fais du divertissement, mais si les auditeurs ont appris quelque chose au bout d’une demie-heure, je suis content”. Sans prétention, vraiment.
“Musiquexpress”, du lundi au vendredi, de 14 h 30 à 15 h sur France Inter
première publication : mercredi 4 janvier 2006