Blonde Redhead “23”

Blonde Redhead “23”

Blonde Redhead n’a pas toujours publié ses disques chez 4AD, mais il faut constater que depuis que le trio a rejoint ce label, sa pâte sonore a considérablement évolué vers des ambiances à la Cocteau Twins. Il y a chez la longiligne Kazu une voix aussi fascinante que celle de Liz Frazer (et il est dommage qu’elle quitte parfois le micro pour le confier à l’un de ses compères).

La production, qui mêle intimement cet organe aux instruments (aux autres instruments est-on tenté d’écrire) sait rehausser cette impression délicieuse de nager dans un magma sonore chaud et ganialement poisseux. Qu’on n’attende pas de profonds changements de la part du groupe : comme Yves Klein avait trouvé son bleu, Blonde Redhead a trouvé ses couleurs, ses teintes, la façon de mettre en scène et en lumière les titres, de jouer avec l’espace, de tisser des climats vénéneux. Ce qui change en revanche à chaque fois, c’est bien la mélodie, toujours enchenteresse, caressante. Les arpèges tournoyants, les guitares domptées, les choeurs séraphiques : on se retrouve en terrain familier, comme on retrouve chaque nuit le pays de ses rêves.

Le surréalisme, dans cet album, ne s’arrête pas à sa pochette (une tenniswoman à quatre jambes digne de Magritte) mais colonise chaque parcelle de son, chaque note, chaque vibration de “23”. Et même les essais de dance (la disco mutante de “Silently”), qui pourraient rebuter l’auditeur habitué à des productions plus arty, séduisent.

★★★★★

Blonde Redhead “23”, 1 CD (4AD/Beggars), 2007

23 / Dr Strangeluv / The dress / SW / Spring and by summer fall / Silently / Publisher / Heroine / Top ranking / My impure hair

Blonde Redhead sera en concert à la Route du Rock de Saint Malo 2024

Jean-Marc Grosdemouge