“Nova, 25 CD de Grand Mix”

“Nova, 25 CD de Grand Mix”
Avec ce nouveau coffret turquoise, Radio Nova remet les pendules sonores à l’heure : pas de playlist calibrée ni de chapelles musicales, mais un grand banquet où jazz, soul, rock ancien, musiques africaines et perles oubliées se bousculent sans hiérarchie. Un voyage foisonnant, libre et imprévisible, fidèle à l’esprit Bizot, qui rappelle que la vraie surprise reste le plus beau des luxes.

Il faut bien le reconnaitre : s’attaquer à un coffret Nova, ce n’est pas une mince affaire. C’est comme aller manger dans un très grand restaurant, de très grosses portions de mets raffinés, ou se lancer à l’assaut de l’Everest. Il faut prendre son temps, savourer, surtout ce que ça va dans tous les sens.

Après le coffret jaune, retraçant les années 1981 à 2006, et logiquement publié à l’occasion des 25 ans de la station créée par Jean-François Bizot (réédité il y a peu car il était introuvable), et la boite noire, sortie après la disparition du père fondateur, et s’essayant à la science fiction (voir notre article), c’est un nouveau pavé qui nous tombe miraculeusement dessus. Bleu turquoise en dehors, il est revanche très noir de coeur, et bourré à ras bord de jazz, de soul, de funk, de reggae, de world music avec un penchant certain pour l’Afrique et l’Amérique Latine, et de vieux rock, celui qui swingue. Etiquettes, genres, et époques swinguent allègrement, puisqu’un titre des années 30 (“Cocaîne”) peut cotôyer un remix des années 2000. On retrouve les originaux (“Ecoute moi camarade”, popularisé par Rachid Taha sur l’album “Diwan 2”), les rares français sont des barjos comme on les aime (André Popp, Higelin ou Boris Vian qui donne la réplique à Magali Noel dans “Fais moi mal Johnny, ou Dario Moreno, qui n’etait pas né ici mais a eu la chance de naître avant que sévisse Brice Hortefeux), et les orchestres ont des noms baroques comme celui de La Paillote. Aucune thématique sur le moindre CD : ce serait gâcher le plaisir de découvrir.

A l’heure où tout consiste à personnaliser, Nova universalise. Sur Internet, on vous propose par exemple de customiser votre radio ou votre sommaire de journal à votre goût : moralité vous ne vous intéressez qu’à ce que vous voulez bien a priori vous intéresser. Et vous appelez ça le progrès ? Comme sur l’antenne de Radio Nova, cette compilation qui doit autant au Gargantua de Rabelais (on se goinfre littéralement de son) qu’à Dédale (on aime à se perdre dans le labyrinthe conçu par les programmateurs), le plaisir ultime est celui de se faire surprendre.

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“Nova, 25 CD de Grand Mix” (Nova Records/Wagram), 2009

Infos : http://www.novaplanet.com/coffrets

J-Marc Grosdemouge