“Ye Ye Ye” : un chant d’exil d’Oryema devenu générique culte

Reconnaissable entre mille grâce à son riff de guitare déglingué, ce tube de world music de 1990, “Ye Ye Ye” est bien plus qu’une chanson. C’est l’hymne d’un homme arraché à sa terre natale, fuyant la dictature d’Idi Amin Dada pour trouver refuge en France.
Né en Ouganda en 1953, Geoffrey Oryema est contraint de fuir son pays en 1977 pour échapper à la répression du régime d’Idi Amin Dada, responsable de la mort de son père, qui avait été ministre dans le pays. L’exil de Geoffrey vers la France devient l’élément central de sa musique. L’exil devient alors le thème central de sa vie et de sa musique. Signé par le prestigieux label Real World de Peter Gabriel, “Exile” incarne à la fois la douleur et la résilience. L’album mêle des influences ougandaises et des sonorités occidentales, avec la participation d’artistes comme Brian Eno à la production. Le morceau “Ye Ye Ye” est particulièrement puissant avec ses rythmes dépouillés et son chant en langue acholi, évoquant la nostalgie d’une terre perdue.
Pour beaucoup, “Ye Ye Ye” reste ancré dans la mémoire collective, notamment grâce à son utilisation comme générique de “Le Cercle de Minuit”, l’émission nocturne et culturelle de France 2 (aucun quinqua un peu cultivé n’a oublié Michel Field et sa bouffarde). Cette présence à l’antenne chaque soir dans les années 90 a fait de la chanson un repère sonore pour des milliers de téléspectateurs.
Egalement connu dans un registre plus mainstream au sein de KOD (Manu Katché, Oryema, Tonton David) pour le tube FM de la bande son du film “Un Indien dans la ville”, Geoffrey Oryema nous a quittés en 2018, emporté à l’âge de 65 ans. Avec lui, une voix profondément marquée par l’exil et la quête de paix s’est éteinte.