Fuites de Lithium
Jérôme Minière et Mendelson ont quitté le label. Vincent Chauvier aurait-il du mal à retenir ses artistes ? Après qu’Holden ait signé son deuxième abum (l’excellent “Pedrolira”) chez Village Vert, on s’aperçoit que deux autres artistes ont quitté le giron de Lithium : Jérôme Minière et Mendelson.
Cela a-t-il modifié leur son, leur esthétique ? Réponse en deux temps, deux chroniques…

Jérôme Minière “Petit cosmonaute” (La tribu/Chronowax)
Après deux albums chez lithium sous son nom, et un album “Herri Kopter” chez La Tribu, on pensait retrouver Minière chez Lithium pour son trosième album solo. Ce n’est pas le cas. Peut-être parce que “Petit cosmonaute” n’est pas exactement dans la même lignée que “Monde pour n’importe qui” et “La nuit éclaire le jour qui suit”.
C’est un album plus pop, comme si désormais, ce français exilé à Montréal divisait son travail en deux : l’expérimentation électronique à son alter ego Herri Kopter, un son plus pop pour lui. “Ma ville est triste” chantait Minière sur son premier album à propos de sa ville natale, Orléans. Aujourd’hui, dans la ville nord-américaine d’adoption, il semble avoir trouvé un style plus pop, qui tranche avec l’austérité des productions Lithium si souvent évoquée. Sa musique, parsemée de samples et d’extraits sonores (dialogues sûrements piochés dans des films), est n’a jamais été plus accessible.
L’écriture est moins ouvertement acerbe qu’auparavant, même si le désenchantement miniérien et les petites réflexions savoureuses sur le quotidien sont toujours là. Mais l’écriture est plus douce, pleine de trouvaille (il compare un psy à un “sherpa de l’inconscient) et les titres… surréalistes : des “yeux tout autour de la tête” à “perdre une dent un soir d’été”. Quant à la chanson-titre, “Petit cosmonaute”, elle colle tellement à l’univers du groupe Laïka (qui soit son nom à une chienne cosmonaute russe), qu’on se demande si ce n’est pas un clin d’oeil. L’évolution du son de Minière est sûrement plus dûe à son “ami” (inventé) Herri Kopter qu’au départ de Lithium.
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Mendelson “Seuls au sommet” (Rec-Son/Prohibited Records)
Mais l’avancée la plus spectaculaire en terme de renouvellement artistique est celle opérée par Mendelson. Alors qu’on se retenait de ne pas arrêter leur premier album “L’avenir est devant”, tellement il était lent, triste et glauque, on reconnaît à peine le duo Pascal Bouaziz-Olivier Féjoz, sur le premier titre.
“Le vie est pleine de suprises” (qui était le titre d’un best of de Prefab Sprout sorti il y a quelques années) porte bien son nom. Et celle-ci est bonne : désormais accompagnés de Charlie O. (qui joue notamment de l’orgue Hammond), du batteur Meïr Cohen et de Pierre-Yves Louis à la guitare, Mendelson a mis de l’eau dans son vin.
Etonnemment, cela ne lui donne que plus de saveur. Quelques chansons au son chaud et soul pointent le bout de leur nez sur ce album (“Personne ne le fera pour nous”) et cela change tout. Les ballades lentes (“Toi et moi”, “Tout refaire”, “Soixante-dix”, “Qu’est-ce que tu veux”) qui surpeuplaient leur premier opus ne sont pas totalement exclues : on peut même désormais considérer Mendelson comme les Arab Strap français.
Même si le sens du vitriol n’a pas changé, le groupe fait de l’humour (“aujourd’hui c’est vendredi et j’voudrais bien qu’on m’aime” sur ” est une phrase empruntée à “Gaby” de Bashung) et a fini de chanter “Je ne veux pas mourir” ou “Tu n’as rien vu à Combs-la-Ville. Mendelson se permet de faire référence à Lacanau, et à des histoires de surfeurs. Le soleil profite au groupe, visiblement.
C’est sûrement parce qu’il a été produit collégialement (par Charlie O., Nicolas Becker et Pascal Bouaziz) et pas uniquement par le duo comme “L’avenir est devant” que cet album de Mendelson les montre en effet “Seuls au sommet”.
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Jérôme Minière “Petit cosmonaute” : L’air du dehors / Les yeux tout autour de la tête / L’existence est simple / Paul / La jeunesse est vieille comme le monde / Perdre un dent un soir d’été / Arpenter / La logique des choses / La font des glaces / En attendant Vegas / Jour de rien / mouvement / Petit cosmonaute / La certitude
Mendelson “Seuls au sommet” : La vie est pleine de surprises / Toi et moi / Je me réveille / Tout refaire / L’Ardèche / Bienvenue à Lacanau / Ce n’est plus la peine / Soixante-dix / Personne ne le fera pour nous / Qu’est-ce que tu veux / seul au sommet / Les petits frères des pauvres / Mendelzöhnn
