Anna Calvi “Anna Calvi”

Une guitare comme une lame, une voix incandescente, une tension dramatique qui frôle la transe : dès son premier album, Anna Calvi impose un univers à la fois élégant et enflammé. Entre flamenco noir, rock fiévreux et envolées lyriques, “Anna Calvi“est un disque hypnotique, porté par une intensité brûlante.
Dès les premières notes de “Rider to the Sea,” Anna Calvi impose une tension cinématographique rare. Guitare tranchante, voix incandescente, allure de tragédienne : son premier album déborde d’une intensité brute, entre flamenco noir, rock en clair-obscur et élégance baroque. Comparée dès ses débuts à PJ Harvey ou Nick Cave, Calvi évite pourtant le pastiche. Sa musique, sensuelle et dramatique, évoque autant les BO d’Ennio Morricone que la fièvre électrique de Jeff Buckley. Les morceaux avancent comme des orages : “Desire” est un cri de passion, “Suzanne & I” un duel entre ombre et lumière, tandis que “Love Won’t Be Leaving” déploie une montée en tension vertigineuse. Si l’album impressionne par son souffle et sa maîtrise, il frôle parfois l’exercice de style, où la retenue semble calculée. Mais cette élégance froide ne nuit en rien à l’impact émotionnel. Produit par Rob Ellis (fidèle collaborateur de PJ Harvey), “Anna Calvi” joue sur les contrastes : voix tantôt caressante, tantôt incandescente, riffs ciselés, silences pesants.
Un premier album fascinant, où chaque morceau semble hanté par une intensité brûlante. Anna Calvi n’a peut-être pas encore livré son chef-d’œuvre, mais elle signe ici un disque envoûtant, taillé pour les grandes destinées.
★★★★☆
Anna Calvi “Anna Calvi” 1 CD (Domino), 2011 et sur les plateformes d’écoute
Rider to the Sea / No More Words / Desire / Suzanne & I / First We Kiss / The Devil / Blackout / I’ll Be Your Man / Morning Light / Love Won’t Be Leaving