Dave Gahan "Paper monsters"
Entre craintes de rupture et désirs d’émancipation artistique, Dave Gahan s’offre une parenthèse en solo qui révèle une facette plus intime et rugueuse de son univers musical. Sans renier l’héritage de Depeche Mode, le chanteur explore une palette sonore élargie — du rock brut aux ballades électroniques — et impose, entre audace et sensibilité, une signature personnelle qui rassure autant qu’elle surprend.
Si l’on craignait une séparation de Depeche Mode, il est certain que l’on verrait avec un peu de crainte naître les projets personnels de ses membres : cette année, Martin Gore a sorti un album de reprises traficotées (“Counterfeit²”) et Dave Gahan, la voix du groupe, se lance dans un album solo.
On ne doit pas accueillir ces “monstres de papier” la peur au ventre, et cet album solo ne doit pas être considéré comme un affront au groupe ou une quelconque marque de défiance, mais comme un album qui permet à Gahan de développer un univers plus personnel entre deux albums de son groupe. Son chant, d’ailleurs, semble un peu différent de celui des productions de Depeche Mode : il est plus grinçant, parfois.
Qu’il soit proche du son Depeche Mode (“Dirty Sticky Floors”, “Bottle Living”), qu’il se lance dans le blues moderne (“Black And Blue Again”), dans le gros rock (“Goodbye”), la pop électronique (“I Need You”, “Hidden Houses”) ou qu’il donne dans la ballade électronique éthérée (“Hold On”, “A Little Piece”, “Stay”), Gahan sait imposer sa patte sans perdre les fans de base.
Dave Gahan tente ici des synthèses audacieuses : “Bitter Apple” mélange subtilement les pompes symphoniques dignes de Craig Armstrong, un chant désabusé, et une rythmique discrète mais efficace. C’est d’ailleurs sur les morceaux calmes que Gahan nous émeut le plus… Voilà donc ce que c’est qu’être un monstre de papier.
***
Dave Gahan “Paper monsters” (Mute/Labels), 2003
