Matmos “The rose has teeth in the mouth of a beast”

Matmos “The rose has teeth in the mouth of a beast”

J’avoue que j’ai “attendu” cet album à la fois avec impatience et avec circonspection. En effet, le duo californien Matmos, toujours en quête d’un concept pour chaque album, s’est piqué de rendre hommage à quelques grandes figures homosexuelles.

Soyons clair : je veux que personne ne croie une instant que je fais preuve d’homophobie : je considère comme admissible toute forme de sexualité du moment qu’elle se déroule entre adultes consentants, mais j’ai toujours eu du mal à considérer l’homosexualité comme un vecteur de culture. Pour moi, et n’en déplaise aux grincheux pour qui être moderne c’est surtout ne jamais remettre en cause le consensus du moment, être homosexuel est une pratique intime, pas un mode de vie public, de même qu’être hétérosexuel est une pratique intime, pas un mode de vie public. Mais Drew Daniel et MC Schmidt sont un coupe à la ville comme au studio, et sur “The rose has teeth in the mouth of a beast”, ils dédient leurs compositions d’électronique bien barrée à des gens aussi divers que le philosophe Ludwig Wittgenstein, le roi Louis II de Bavière ou l’écrivain William Burroughs. Le seul point commun de ces dédicataires : leur penchant sexuel. Ca fait un peu court me direz-vous, et sans jeu de mot aucun.

Alors il fallait que cet album soit à la hauteur de l’ambition affichée : hélas, si ce nouvel opus aux nombreuses collaborations (Antony, Björk, le Kronos Quartet par exemple) donne à entendre quelques mélanges sonores tout à fait savoureux, on n’y retrouve pas un certain goût pour la mélodie qui rendait (et rend toujours) “The civil war” si attachant. Reste en tout cas un très intéressant travail sur les bourdons, et une manière toujours exaltante d’assemler entre eux des sons concrets. Plutôt bien vu pour parler de sexualité. Car la sexualité, loin des formules abstraites et des discours des penseurs à la mord-moi-le-noeud (ou pompe-le moi, ou mets-le moi), c’est une chose bien concrète.

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Matmos “The rose has teeth in the mouth of a beast” (Matador/Beggars), 2006

Roses and teeth for Ludwig Wiitgenstien / Steam and sequins for Larry Levan / Tract for Valerie Solanas / Public sex for Boyd Mc Donald / Semen song for Jamed Bidgood / Snails and lasers for Patricia Highsmith / Germs burn for Darby Crash / Solo buttons for Joe Meek / Rag for William S. Burroughs / Banquet for King Ludwig II of Bavaria 

lundi 15 mai 2006

Jean-Marc Grosdemouge