Yvan Hio "Yvan Hio"
Des oiseaux gazouillent gentiment, la guitare est dans la tendance “ligne claire”, et la voix sans apprêt : on entre chez Yvan Hio comme dans l’apparttement d’un pote. Si l’on en croit la pochette, ce n’est pas un pro du rangement, mais on l’aime bien quand même car il a toujours une conversation intéressante. Là, Yvan attend en fumant sa clope (“Fumer tue (peut-être)”).
C’est dans la simplicité de ses chansons que se trouve l’évidence : Yvan Hio est un gars franchement désabusé, mais il assume sa mélancolie, ne cherchant jamais à la parer d’atours gais et trompeurs. Un nouveau Murat ? Un voyage au Mali l’ayant marqué (“Le porteur d’eau”), on le comparera plutôt à Mathieu Boogaerts, qui a toujours fait de l’Afrique une boussole musicale personnelle. Adepte de la non-chanson, du blues urbain, utilisant l’électronique avec parcimonie, avec la volonté de ne jamais surchager ses vignettes, Hio signe un album pluriel mais singulier dans cette lenteur qui s’empare de nombreux titres (“Lé désert”, “Le désert des vivants”, “Maïmouna”, “Le petit fantôme”). Même le plutôt rock “Cri qui tue” ne joue pas à agacer nos acouphènes. La mollesse comme programme artistique ? Quand elle ne signifie pas pauvreté de l’inspiration, d’accord. On vote donc pour ces chansons toutes simples, mais bien loin d’être simplistes.
Il y a chez Yvan Hio comme chez le Dominique A des débuts ce que Bernard Lenoir, paraphrasant Oscar Wilde avait appelé “une certaine élégance à n’être pas grand-chose”. Quand on fera le procès de Jacques Chirac, il faudra verser cette pièce au dossier d’accusation : sous son règne, même le rock faisait profil bas. Vivre tue (peut-être).
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Yvan Hio “Yvan Hio” (Microbe/Warner Music)
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