Factory, du 8 au 11 octobre à Paris (La Cigale)

Factory, du 8 au 11 octobre à Paris (La Cigale)

Cette année encore, la déclinaison “musiques innovantes” du Festival d’Ile de France a tenu toutes ses promesses : Factory a montré une palette de couleurs étendues, alant des couleurs chaudes des Antilles au noir (Poni Hoax, Principle of Geometry) en passant par le clair obscur de Leila.

Mercredi, David Walters mettait la barre haut en ouvrant le festival. Avec plusieurs invités, dont Melissa Laveaux, il réinvente les rythmes créoles, se fait conteur et embarque toute la salle dans son univers. Difficile de ne pas être immédiatement captivé par cette sarabande des sons. La soirée se poursuit également sous le soleil antillais avec le saxophoniste guadeloupéen Jacques Schwarz-Bart, pour un jazz alangui comme jamais. En compagnie de sa mère, qui déclamme des poèmes telle une Patti Smith des îles, et des frères Belmondo (vus sur la même scène il y a quelques années avec le légendaire Yussef Lateef), il rend aussi hommage à un grand absent : son père.

Jeudi : relâche pour moi. Mon ordinateur m’attend quelque part dans le douzième pour passer de la musique dans la café près de Ledru-Rollin. Pas de regret de ne pas avoir vu Solal et ses “Moonshine sessions” (j’ai même entendu parler de country en papier maché), mais j’ai en revanche manqué Gilles Peterson, dont les apparitions de ce côté-ci de la Manche, sont rares.

Vendredi, changement d’ambiance : les sièges ont été retirés et l’ambiance cool de mercredi a laissé la place à une ambiance plus rock. Sur scène, les Anglais de South Central se donnent à fond dans une veine électro-punk façon Senser-Prodigy, les oreilles sont mises à rude épreuve et ça pogote un peu dans la fosse. La transition est idéale avec le groupe français Poni Hoax, et sa musique sombre, belle préfiguration du chaos economico-financier qui est prêt à nous péter à la gueule.

Samedi, distribution de lunettes D pour tous, car le concert de Principle of Geometry est l’occasion de regarder les images préparées par un video-jockey, qui utilise simultanément deux appareils de projection. On s’attendait à de l’electronica douce, et c’est finalement à du rock planant façon Pink Floyd qu’on a droit. Fort intéressant, mais ce n’est rien à côté du concert de Leila qui suit. Derrière ses machines, l’Iranienne se meut en douceur, tandis que les chanteurs et chanteuses (dont sa cousine Roya Arab), se succèdent au micro. Certes, c’est de la musique électronique, mais il y a quelque chose de très oragnique dans ce son riche de mille détails. Rarement depuis le concert d’Amon Tobin au festival Présences Electroniques, un son issu de machines nous avait procuré pareille émotion.

dimanche 12 octobre 2008

Jean-Marc Grosdemouge