Nils Petter Molvaer, Le Café de la Danse, Paris, jeudi 20 janvier 2012

Nils Petter Molvaer, Le Café de la Danse, Paris, jeudi 20 janvier 2012

Le Café de la danse : l’endroit, près de Bastille, volontiers axé rock est chanson, n’est pas connu pour être un haut lieu du jazz même si, par exemple, Eric Legnini ou Tigran Hamasyan s’y sont produits il ya peu…

Pourquoi le trompettiste norvégien, qu’on a croisé rue de Lappe une demie heure avant l’ouverture des portes, petit privilège d’un musicien assez anonyme ici pour se ballader dans la rue sans se faire arrêter par les badauds, pourquoi donc ce musicien a t-il choisi cette salle alors qu’on l’avait vu auparavant en club au New Morning ou en plein air, au Parc Floral ? Peut être parce que le fond de scène, une mur de pierres, tout brut, accueille parfaitement les projections video qui accompagnent le jazzman sur cette tournée qui suit la sortie de son album “Baboon moon”.

C’est pourquoi le groupe arrive dans la pénombre et y restera pendant toute la durée de son set : les silhouettes du trompettiste, côté cour, du guitariste côté jardin et du batteur, au centre, s’affichent derrière eux, sur des textures abstraites. Si le procédé est graphiquement irréprochable, on peut aussi choisir de fermer les yeux pour goûter la plongée dans les paysages sonores de NPM : ce ne sont pas les applaudissements qui viendront nous distraire puisqu’au contraire d’un concert de jazz traditionnel, lors duquel les aficionados peuvent témoigner de leur satisfaction par de régulières claques, ce qui se joue ce soir s’ecoute avec retenue, en silence de bout en bout.

Même ses fans lui font un petit reproche : parfois les concerts de NPM mettent un petit moment à décoller. Rien de tel ici, puisque le trio, en grande forme, entre très vite dans son sujet, à savoir un jazz ultra moderne, voire futuriste, entre ambient, et prog rock. Certaines sonorités, en milieu de set, frôlent même les ornementations baroques, et quand le guitariste empoigne un archet, on se prend à espérer que le nom de Molvaer soit parvenus aux fdans d’un autre groupe scnadinave, à savoir les Islandais de Sigur Ros.

En une performance d’une heure suivie d’une poignée de titres comme rappel, joués avec un peu plus de lumière cette fois, Nils Petter Molvaer prouve que si on le compare parfois à Miles (alors qu’il n’a pas de sourdine mais préfère révérberer sa trompette grâce à une pédale d’effets ou créer des harmonies en via son ordinateur), c’est bien à Jon Hassel qu’il se rattache. Ce soir, en un concert grandiose de bout en bout, il prouve également qu’il est bien l’un des jazzmen européens les plus innovants qui soient.

première publication :
samedi 21 janvier 2012

Jean-Marc Grosdemouge