Festival Les Inrocks iDTGV du 13 au 17 novembre 2008 à Paris

Après la Fnac, Orange, ou Paco Rabanne, c’et iDTGV qui est partenaire du Festival des Inrocks, désormais bien installé. Chaque mois de novembre, on a pris l’habitude d’aller voir passer le train des nouveautés, et voici donc l’avis du rail.
jeudi 13
C’est une très jolie bande orchestrale, bucolique à souhait, pleine de petits sons d’oiseaux, qui sert d’entrée à Get Well Soon. Cela ne se sent pas sur son album, qui dénote une grande maturité, mais son leader est fort jeune et ce soir cela se voit. Au centre d’un groupe visiblement peu habitué à se produire devant des assistances aussi garnies, le frêle jeune homme, les yeux cachés derrière une grosse mèche sombre de cheveux, offre le répertoire de son premier album, “Rest Now, Weary Head ! You Will Get Well Soon”. Si les morceaux calmes sont convaincants (mention spéciale au dépouillement pianio-trompette voix), les essais de gros son peinent parfois à décoller. On attend que ça se passe pendant le set de Yo Majesty. Mal sonorisées, et devant un public peu réactif (les lecteurs des “Inrocks” n’ont jamais été de gros auditeurs de hip hop), les deux demoiselles peinent à embarquer La Cigale dans leur univers. Peu de samples accrocheurs, flow ultra rapide mais rédhibitoire pour le non-fluent listener : eh bien non, on ne fera pas le chemin vers la Favela Chic pour aller les entendre à nouveau en deuxième partie de soirée. Place donc à Franz Ferdinand. Impossible de ne pas se remémorer qu’en novembre 2003 on les a vus entre happy fews, juste en dessous, dans la salle exigïe de la Boule Noire. Ce soir-là, en première partie de Clinic (qui joua sans chanteur), le groupe écossais dévoilait les morceaux de son premier album, peu de temps avant sa sortie. On était tout près et ça balançait sévère. On les revit ensuite au Zénith, plein d’énergie encore, mais ils étaient loin, et paraissaient minuscules dans leur décor soviétique. La Cigale était donc la salle idéale, ni trop grosse ni trop petite, pour apprécier le retour de Kapranos et sa bande. Sauf que si le niveau est très bon (la section rythmique est toujours aussi compacte), certains passages semblent mous du genou. Les morceaux inédits, en plus d’être de bonne facture d’un point de vue écriture, ont le grand mérite de dissimuler ce qui ressemble à une toute petite baisse de régime passagère.
vendredi 14
On retiendra deux choses de la soirée : il manque à Cajun Dance Party (déjà vus par le passé au festival des Inrocks sans que le buzz ne s’emballe ensuite) un petit quelque chose en plus pour être inoubliable, et l’autre : The Ting Tings live, c’est super ! Ils ne sont que deux (elle est devant au micro et à la guitare, lui à la batterie) et le reste provient de pistes enregistrées mais, en deux temps trois mouvements, toute la fosse de la Cigale lève les bras et reprend les refrains de leurs hymnes. Inconnus en début d’année et adulés en fin d’année : voilà la trajectoire-éclair d’un groupe déjà grand, et qui n’a pas fini de nous étonner…
samedi 15
Pour ce premier concert du week end, on retrouve cette même configuration avec l’Américain Seasick Steve : ce grand gaillard en salopette, débardeur blanc, qui porte casquette et barbe à la ZZ Top (certes plus courte) est assis, une guitare à la main, un ampli posé sur une chaise, son compère batteur à ses côtés. Cette fois-ci, ce n’est pas dance comme la veille, mais ça bluese sévère. Dans la salle, on regarde son voisin avec l’air de “bon sang, qu’est-ce qui se passe là ?” Le set est plein d’énergie et notre homme a tôt fait de se mettre le public dans la poche, et à établir le contact avec lui. Toute chose que n’arrive pas à faire la Française Soko. Ses chansons-bricolo sont certainement fort agréables à écouter chez soi et peuvent déclencher un buzz sur le Net, mais elles ne passent pas la rampe. Visiblement intimidée (“on vient au festival depuis deux trois ans on n’imaginait pas un jour être là) et perturbée par de petits soucis techniques (“ma première Cigale, je m’en souviendrai), la demoiselle, dotée d’une voix de souris, livre un set en demie-teinte. Heureusement, Friendly Fires viennent faire remonter l’ambiance : leur electro-rock assène un bon coup à l’auditeur, tant le gros son est de sortie. Leur chanteur, lui, est mince comme un fil de fer, et il a beau se dandiner dans tous les sens (mention spéciale aux mouvements de popotins, pas du tout virils), la rythmique est martiale. Dans un registre plus souple, The Foals remportent également un vif succès.
dimanche 16
On a l’impression en les écoutant se faire des coucous les uns les autres que les groupes du soir (Cut Copy, Late of The Pier, Metronomy) sont tous potes. Ils pratiquent tous en effet un rock teinté d’electro eighties… avec diverses fortunes : Late Of The Pier, qui ne nous avait pas séduit sur disque, en fait trop et est assomant, Metronomy n’en fait pas assez, et parait musicalement légér, même si on peut saluer ses performances visuelles. Reste à savoir ce que Kennedy faisait là : son set n’a pas plu et sa reprise décalée de “Holiday” de Madonna a même été sifflée. Avec cet homonyme de John Fitzgerald Kennedy, on s’attendait à un digne homologue de Gonzales… ça devait être le socialiste espagnol Felipe Gonzales alors. C’est Hot Chip qui met tout le monde d’accord : on a rarement vu autant de monde danser dans la Cigale pendant ce festival. A la fin du set, on a même croisé un jeune homme torse nu… c’est dire si -déjouant les normales saisonnières, le mercure a grimpé d’un coup d’un seul dans la salle du boulevard Rochechouart.
lundi 17
Fin du festival et après quatre jours à la Cigale qu’on a failli prendre pour notre résidence secondaire, on se transporte au Zénith. Si l’on pouvait venir applaudir Mystery Jets et CSS et partir avant The Kooks, il ne fallait pas s’en priver. Si les Brésiliens livrent un show démentiel quoique millimétré, une véritable tempête de son s’abat sur les spectateurs, et l’on se dit que leur chanteuse pourrait bien devenir la future Björk tant son charisme sur scène est fort, tant sa voix module à merveille… CSS invente un rock sexy, punk et innovant, alors que The Kooks offrent une resucée sans saveur du rock à papa, comme si Simon et Garfunkel s’étaient réincarnés dans des enveloppes charnelles de jeunes hommes… peu d’intérêt donc.
première publication : vendredi 14 novembre 2008