Cousteau “Cousteau”

Cousteau “Cousteau”

Un premier album magnétique, cinématographique, pour ceux qui aiment que la pop ait du panache sans s’abîmer dans le maniérisme. Un disque sans pull marin, mais avec la classe d’un costume trois-pièces froissé par une nuit trop longue.

Un groupe qui s’appelle Cousteau et qui sort son premier album sur un label nommé Global Warming, il y avait de quoi s’attendre à une pop écologique, peut-être un brin naïve, en hommage aux océans et aux explorations sous-marines. Il n’en est rien. Ici, pas de sirène ni de récifs coralliens : la plongée se fait dans les eaux troubles du romantisme noir, là où la voix de Liam McKahey dérive entre le velours des crooners et la gravité des âmes blessées.

Sorti en 2000, “Cousteau” est un disque pour grandes oreilles férues de pop sophistiquée, quelque part entre l’élégance vénéneuse de Scott Walker, le flegme séducteur de Lee Hazlewood et les orchestrations feutrées de Tindersticks. La production léchée donne aux morceaux une teinte intemporelle, entre cordes en apesanteur et trompettes mélancoliques, comme un film noir dont chaque titre serait une scène de rupture sous la pluie.

Impossible de ne pas s’arrêter sur “The Last Good Day of the Year“, perle automnale où tout est en suspension : la voix traînante, les guitares cristallines, le tempo alangui. C’est une chanson qui sent le café froid et les souvenirs qu’on n’arrive pas à chasser. D’autres titres, comme “She Don’t Hear Your Prayer” ou “Your Day Will Come“, prolongent cet état cotonneux, où la beauté flirte avec la mélancolie la plus absolue.

★★★★☆

Cousteau “Cousteau” (2000)

Your Day Will Come / The Last Good Day of the Year / Mesmer / Jump in the River / How Will I Know? / (Because We Do) / You My Lunar Queen / Shallow Brown / She Don’t Hear Your Prayer / One Good Reason / Of This Goodbye / Raining Again

Charlie Doyle