Vampire Weekend, élégance preppy et audace baroque

Vampire Weekend, élégance preppy et audace baroque

Quand Vampire Weekend débarque à la fin des années 2000, ils semblent tout droit sortis d’un campus de l’Ivy League, habillés en preppy et armés d’une pop érudite, aussi ensoleillée que raffinée. Mais sous leurs airs d’élèves modèles, Ezra Koenig et sa bande révolutionnent la pop indie en y injectant des influences afrobeat, du clavecin baroque et une écriture ciselée. Retour sur une discographie aussi aventureuse que brillante.

“Vampire Weekend” (2008) : l’explosion indie-pop

Sorti en pleine vague blog rock, “Vampire Weekend” fait sensation avec son cocktail irrésistible de mélodies bondissantes, d’influences africaines (Paul Simon époque “Graceland n’est jamais loin) et de paroles érudites. “Oxford Comma“, “A-Punk“, “Cape Cod Kwassa Kwassa” deviennent instantanément des hymnes indie. Un premier album qui réinvente la pop avec intelligence et décontraction.


“Contra” (2010) : l’affirmation d’un style

Deux ans plus tard, Vampire Weekend affine son esthétique avec “Contra“, un disque plus audacieux et texturé. “Horchata” ouvre l’album sur un rythme chaloupé, tandis que “Giving Up the Gun” flirte avec l’électro. Moins immédiat que son prédécesseur, cet album prouve que le groupe ne compte pas se répéter et explore une pop plus sophistiquée et décalée.


“Modern Vampires of the City” (2013) : la maturité éclatante

Avec “Modern Vampires of the City“, Vampire Weekend signe son chef-d’œuvre. Moins sautillant, plus introspectif, l’album navigue entre spleen et fulgurances baroques. “Step“, “Diane Young“, “Hannah Hunt” témoignent d’un songwriting en état de grâce. Porté par une production somptueuse et des arrangements audacieux, cet album ancre définitivement le groupe dans la pop moderne.


“Father of the Bride” (2019) : l’échappée libre

Après une longue pause et le départ du multi-instrumentiste Rostam Batmanglij, Ezra Koenig revient avec un disque plus ample et éclaté. Father of the Bride pioche autant dans la folk californienne que dans la pop progressive, avec des duos lumineux (“This Life“, “Harmony Hall“). Plus libre mais parfois inégal, cet album montre un groupe qui refuse de se figer.


“Only God Was Above Us” (2024) : la renaissance new-yorkaise

Après cinq ans de silence, Vampire Weekend réapparaît avec “Only God Was Above Us“, un album qui marque une rupture avec leurs précédents travaux. Enregistré entre Tokyo et New York, ce disque renoue avec une esthétique urbaine et plus brute, s’inspirant du jazz et du post-punk new-yorkais. Loin des harmonies sucrées de “Father of the Bride“, ce retour aux racines de la ville natale d’Ezra Koenig (NYC) annonce un groupe toujours prêt à se réinventer, loin des poncifs indie-pop qui les avaient révélés.


Vampire Weekend a toujours eu un coup d’avance sur son époque, conjuguant érudition musicale et hits instantanés. Avec “Only God Was Above Us“, le groupe semble prêt à explorer de nouveaux horizons plus urbains et moins solaires. Une évolution logique pour un groupe qui a toujours cherché à repousser ses propres limites.

Charlie Doyle