Joe Westerlund et sa curieuse odyssée rythmique

Joe Westerlund et sa curieuse odyssée rythmique
Un voyage percussionniste à l’esprit grand ouvert, entre transe fragile et textures hypnotiques. Joe Westerlund signe un album dense, parfois chancelant, où chaque groove semble titiller le temps et l’espace.

Joe Westerlund ne se contente pas de battre le rythme, il fait osciller la musique. Avec “Curiosities from the Shift“, il mêle clave afro-latine, percussions bricolées et nappes hypnotiques dans un geste à la fois organique et cérébral. On pense à Beirut pour ce souffle ouvert, à Steve Reich pour les motifs répétitifs qui titillent l’esprit, mais Westerlund ajoute sa propre touche, une densité qui parfois fait tanguer l’ensemble.

Des morceaux comme “Fone” brillent par leur équilibre, leur capacité à captiver sans étouffer. Mais l’album connaît des passages où la profusion instrumentale et la densité des textures alourdissent l’écoute. À force de vouloir construire des mondes entiers autour du rythme et de l’expérimentation, certains titres semblent hésiter entre transe envoûtante et introspection laborieuse. “Persurverance” se distingue par son travail sur le bourdon.

Malgré tout, Westerlund reste un explorateur passionnant. Son album se vit avec l’esprit grand ouvert, en acceptant que l’air circule moins souvent que dans d’autres œuvres, mais que chaque souffle, chaque vibration compte. “Curiosities from the Shift” est un terrain riche et fascinant, parfois maladroit dans sa construction, mais toujours attachant pour qui aime que la musique tintinabule et titille l’imagination.

★★★☆☆

Joe Westerlund “Curiosities from the Shift” (2025)

J-Marc Grosdemouge