Parfois, c’est pas beau une ville la nuit

Parfois, c’est pas beau une ville la nuit
Dans son livre autobiographique “Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie“, Nick Flynn mêle souvenirs, fragments poétiques et scènes de refuge pour sans-abri afin de raconter la rencontre improbable avec son père, poète raté et errant. Entre désespoir, humour noir et tendresse filiale, le récit plonge le lecteur au cœur d’une Amérique en marge, où chaque nuit devient une question de survie… et d’humanité.

Il ne faut pas juger un disque à sa pochette ni un livre à sa couverture, mais un titre peut vous titiller. Après “Histoire de la reine des putes”, un polar californien dont je vous parlerai peut être un de ces jours, cette fois il s’ ‘agit de passer une nuit de merdique dans une ville craignos. Ou plutôt beaucoup de nuits car Nick Flynn est travailleur social auprès de gens qui dorment dehors et parmi eux… son père qui depuis trente ans se dit écrivain, mais dont on ne voit jamais le manuscrit.

Ce que Flynn raconte n’est pas un roman noir à suspense, mais une collision entre deux vies : celle d’un fils qui tente de comprendre et de tenir son rôle d’adulte, et celle d’un père errant, alcoolique, poète raté et parfois violent, que l’on retrouve à errer dans les mêmes rues et à dormir sous les mêmes toits que les sans-abri qu’il accompagne au quotidien. L’Américain mêle souvenirs d’enfance, scènes au refuge, fragments poétiques et listes de misère urbaine pour rendre palpable la tension entre amour filial, honte et désespoir. Chaque nuit passée dans cette ville pourrie devient une leçon de vulnérabilité, un portrait brut et intime d’une Amérique laissée à la dérive.

Hebergé, lui, par la passionnante collection “Du monde entier”, ce livre est une plongée dans la vie de Boston et de ses environs. Quand il a du temps, le narrateur va parfois écouter un groupe local dans un bar. Ils s’appellent Pixies et vous en avez peut-être entendu parler.

★★★★

J-Marc Grosdemouge