Dire Straits “On Every Street”

C’est l’album du retour, mais aussi celui de l’adieu. Six ans après “Brothers in Arms“, qui avait propulsé Dire Straits au rang de mastodonte planétaire, On Every Street arrive comme une réponse tardive à un succès devenu trop lourd à porter. Mark Knopfler, plus solitaire que jamais, signe ici un album crépusculaire, loin de l’exubérance des années 80.
Dès “Calling Elvis”, on sent que quelque chose a changé. La production est léchée, mais l’énergie d’antan s’est évaporée. Dire Straits n’est plus un groupe en fusion, c’est désormais l’écrin d’un Knopfler fatigué, qui s’aventure sur des terrains plus feutrés, entre country élégante (“Iron Hand”), blues nocturne (“Fade to Black”), et ballades désenchantées (“On Every Street”). On est loin du swing contagieux de “Sultans of Swing” ou du groove de “Money for Nothing”. Ici, la mélancolie règne.
Cela ne veut pas dire que “On Every Street” manque de moments de bravoure. “Heavy Fuel et The Bug” ramènent un peu de mordant, avec des riffs nerveux et une autodérision bienvenue. Mais c’est dans les morceaux plus contemplatifs que l’album trouve son vrai souffle. “You and Your Friend” est une merveille de douceur et d’introspection, tandis que le très réussi “Planet of New Orleans” déroule une atmosphère moite et langoureuse, digne d’un film noir.
Le public, pourtant nombreux à attendre ce retour, reste perplexe. L’album se vend bien, mais la tournée d’adieu qui suit achève d’épuiser Knopfler. En 1995, Dire Straits se dissout définitivement. “On Every Street” restera comme l’ultime chapitre d’un groupe dont le succès fut à la fois une bénédiction et un fardeau.
★★★☆☆
Dire Straits “On Every Street“ (Vertigo), 1991)
Calling Elvis / On Every Street / When It Comes to You / Fade to Black / The Bug / You and Your Friend / Heavy Fuel / Iron Hand / Ticket to Heaven / My Parties /