Breakbeat Era “Ultra Obscene”

À la fin des années 90, la drum & bass s’essaie à la pop, et “Ultra Obscene” en est l’un des meilleurs exemples. Derrière ce projet éphémère, on retrouve Roni Size et DJ Die, figures de la scène jungle de Bristol, épaulés par la chanteuse Léonie Laws. L’idée ? Injecter du chant et du songwriting dans un genre souvent instrumental et club-friendly.
Dès “Ultra Obscene”, le morceau-titre, on comprend l’ambition : la voix chaude et légèrement désabusée de Laws plane sur une production moite et percussive. Breakbeat Era ne cherche pas à reproduire le jazz organique de “New Forms” (le chef-d’œuvre de Roni Size & Reprazent), mais à explorer des terrains plus sombres et urbains. “Rancid” et “Anti-Everything” affichent une rage contenue, entre énergie punk et beats syncopés.
Le pari n’est pas toujours gagnant. Certains titres peinent à se démarquer, et l’album souffre d’une certaine linéarité. On sent que la sauce aurait pu prendre encore mieux avec des morceaux plus marquants. Mais il y a des fulgurances : “Late Morning” et “Life Is My Friend” dégagent une sensualité trouble, tandis que “Breakbeat Era” trouve l’équilibre parfait entre agressivité et mélodie. Si “Ultra Obscene” n’a pas révolutionné la drum & bass, il a prouvé que le genre pouvait cohabiter avec des structures plus classiques. L’album est inégal mais attachant, et aurait mérité une suite.
★★★☆☆
Breakbeat Era “Ultra Obscene” (XL Recordings), 1999)
Ultra Obscene / Rotten Inside / Past Life / Anti-Everything / Late Morning / Breakdown / Terrible Funk / Life Is My Friend / Control Freak / Rancid / Sex Change / Breakbeat Era