Hérouville, le rêve fou de Michel Magne

Ce documentaire signé Christophe Conte nous emmène… dans le 95. Ou plutôt nous fait voyager à une époque où la musique se vivait sans limites, dans un château où le génie flirtait avec la folie. Hérouville, c’est un studio d’enregistrement devenu fragment d’histoire du rock gravé dans la pierre.
Ce château du XVIIIe siècle sis tout au nord de Paris dans le Val d’Oisea été transformé en studio d’enregistrement, des musiciens du monde entier qui s’y sont croisés, des disques devenus cultes y sont nés, et des paysans y ont même goûté… au LSD. “Le château d’Hérouville – Une folie rock française”, diffusé sur France 5, retrace l’histoire fascinante de ce studio résidentiel qui a marqué l’histoire de la musique.
Un homme-orchestre
Derrière ce rêve fou, un compositeur hors norme : Michel Magne. Génial touche-à-tout, pionnier de la musique de film, on lui doit les bandes originales des “Tontons Flingueurs“, “Fantômas” ou “Un singe en hiver“. Il acquiert le château en 1969, avec l’idée d’y créer un espace de création unique. La demeure, alors en ruine, devient en quelques années un repaire pour les artistes en quête d’inspiration (en studio, on y voit la lumière du jour) et d’isolement. Il y installe une salle de musique, une piscine, un terrain de tennis, des salles de jeux… et ouvre grand les portes. Résultat : un lieu hors du temps, où la musique et la fête se confondent, pour le meilleur et parfois le pire.
Une maison hantée… par le rock
Des noms ? Elton John y enregistre “Honky Château” en 1972, David Bowie et Iggy Pop y façonnent des classiques, les Bee Gees y posent les bases de “Saturday Night Fever“, Pink Floyd et les Grateful Dead y laissent leur empreinte. Sans oublier Jacques Higelin, Bernard Lavilliers ou encore Nino Ferrer, pour qui le château devient une seconde maison. Le documentaire de Christophe Conte, narré par Lou Doillon, donne la parole aux témoins de cette époque débridée : Boris Bergman, Dominique Blanc-Francard, Bill Wyman, ou encore Kuêlan N’Guyen, ex-compagne de Jacques Higelin et muse involontaire d’Iggy Pop et Bowie.
Mais comme toute utopie, celle d’Hérouville ne dure pas. En 1985, acculé par les dettes, comme le raconte son épouse, Michel Magne perd son château. Le rêve s’effondre et l’histoire vire au drame : quelques années plus tard, il se donne la mort. Depuis 2015, le château a été réhabilité et renaît peu à peu en tant que studio d’enregistrement.
★★★★☆
En replay sur Molotov ou demande un pote de te faire un VHS ou débrouille toi, je suis pas ton père, Luke