Kula Shaker “K”, britpop sous acide et en sanskrit

Kula Shaker “K”, britpop sous acide et en sanskrit

Alors que la britpop s’épanouit entre arrogance et second degré, Kula Shaker choisit une toute autre voie : celle du psychédélisme indien et des mantras en sanskrit. “K” est une anomalie vibrante, un disque illuminé qui fusionne guitares fuzz, tambourins et ferveur mystique.

En 1996, au sommet de la britpop, alors que Blur et Oasis se livrent une guerre fratricide pour la couronne d’Angleterre, un outsider illuminé surgit, vêtu de soie et psalmodiant des mantras en sanskrit. “K“, premier album de Kula Shaker, est un patchwork mystique où les guitares fuzz embrassent la spiritualité indienne, où la pop anglaise dialogue avec le raga rock du Revolver-era Beatles, où le charisme exalté de Crispian Mills rappelle autant George Harrison que les gourous hippies des sixties.

Si “Hey Dude” et “Tattva” font office de portes (de la percecption) d’entrée immédiates, mélangeant refrains accrocheurs et envolées psychédéliques, l’album regorge de trouvailles. “Govinda“, entièrement chanté en sanskrit, impose une ferveur incantatoire tandis que “Grateful When You’re Dead” et “Jerry Was There” dynamitent les conventions britpop en convoquant l’ombre de Jerry Garcia.

Plus loin, “303” et “Knight on the Town” montrent que derrière le trip mystico-baba, Kula Shaker sait aussi composer des hymnes rock impeccables. Derrière son imagerie ésotérique, “K” est surtout un disque brûlant d’urgence et de naïveté, porté par une sincérité qui empêche l’exercice de sombrer dans le kitsch. Détesté par les puristes britpop, adulé par ceux qui cherchaient un frisson différent, il reste l’un des disques les plus singuliers des nineties.

★★★★☆

Kula Shaker “K” (1996, Columbia)

Tattva / Grateful When You’re Dead / Jerry Was There / Knight on the Town / Temple of Everlasting Light / Govinda / Smart Dogs / Magic Theatre / Into the Deep / Sleeping Jiva / 303 / Start All Over / Hollow Man (Parts 1 & 2)

Jean-Marc Grosdemouge