Amaarae “Black Star”

Amaarae “Black Star”
Si 2025 doit retenir un disque qui danse sur le fil du désir et de l’identité, c’est bien celui-ci. Amaarae n’invite pas à écouter : elle ordonne de bouger, de se perdre, de se retrouver. Et dans l’ombre des stroboscopes, on comprend que la fête est sa manière de raconter le monde — complexe, lumineux, effervescent et radicalement vivant.

Il y a quelque chose de magnétique dans l’aura d’Amaarae. Avec “Black Star“, sa troisième galette mise sur orbite, la chanteuse ghanéo-américaine ne fait pas que revenir : elle explose. L’album, sorti cet été, ressemble à un cosmos où chaque morceau est une constellation de rythmes afro, de house pulsante, de pop mutante et de caresses électroniques. Ici, le highlife ghanéen se fait club, le zouk flirte avec la techno, et les beats de baile funk rebondissent sur des synthés vaporeux : on danse, mais on flotte aussi.

Dès le premier single, “S.M.O.”, Amaarae affirme son territoire : celui d’une pop cosmique et fièrement noire, où la fête devient acte politique et la sensualité, manifeste. Il y a dans ce disque ce que certains appellent « l’élégance de la fête » : le genre de musique qui fait battre le corps avant le cœur, qui électrise la peau et fait sourire le crâne. Chaque morceau est un pavé jeté dans la mare de la pop contemporaine : coloré, dense, imprévisible.

Ce n’est pas un album pour les timorés. Amaarae y invite Bree Runway, PinkPantheress, Charlie Wilson, Naomi Campbell… Des collaborations qui font des étincelles, des duos inattendus qui rappellent que Black Star ne connaît pas les frontières : musicale, culturelle, générationnelle. La voix d’Amaarae, haut perchée, giratoire, caresse et frappe à la fois. Elle joue, elle provoque, elle séduit. Et quand elle chante, on sent que chaque note est une revendication de liberté.

Sur scène, elle ne fait pas semblant : rasée, fière, lumineuse, elle transforme chaque performance en rituel collectif. Au festival Coachella 2025, Amaarae n’a pas seulement présenté des chansons : elle a offert un espace de danse, de désir et de fraternité, où chaque mouvement est une déclaration. L’album reproduit cette énergie, mais par le versant intérieur : il vous prend à la gorge et au ventre, mais aussi au cœur.

Manifeste queer-pop, “Black Star est une célébration de la diaspora africaine et de la féminité, un disque où l’exubérance n’exclut jamais la sophistication. On y trouve la nostalgie d’un highlife ancestral et la fièvre d’un club futuriste, la douceur des mélodies et la brutalité des basses. Amaarae propose un voyage qui est à la fois intime et collectif : on y entre pieds nus, on en sort léger, transformé.

★★★★☆

Amaarae “Black Star” (Interscope Records), 2005

Charlie Doyle

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