Sylvain Chauveau “Nocturne impalpable”
Il est toujours difficile de résister à un bel album aux ambiances mélancoliques. Dans ce style mélancolique à souhait, Sylvain Chauveau frappe fort : ce disque pourrait donner à des étudiants en cinéma l’envie de tourner leur premier film triste, forcément triste.
Un film où des jeunes gens se croiseraient, n’oseraient s’avouer leur amour, et pleureraient. Mais pleureraient d’une tristesse belle à voir. Et l’on pleurerait avec eux, par pur plaisir de pleurer d’une belle tristesse.
Ce disque est triste. Mais beau. Lent. Mais très beau : c’est d’une tristesse belle à entendre, noire à en crever. Les pièces musicales de Chauveau, souvent courtes, sont empreintes d’un lyrisme sidérant. Les cordes ont un je-ne-sais-quoi de l’Américain Philip Glass, du Polonais Henryk Gorecki ou de Craig Armstrong.
En littérature, on dirait qu’il s’agit d’élégies : des hommages à des choses disparues, qui ressuscitent un instant parce qu’on en parle. Chauveau consigne de la nostalgie avec des notes, il conduit les arrangements pour canaliser ce spleen, pour le magnifier, lui donner corps et finalement, réussit le rendre beau.
Choc esthétique garanti à l’écoute de ce dique. Un disque fort, émouvant, qui vous colle à la peau. Et pour longtemps. Très longtemps.
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Sylvain Chauveau “Nocturne impalpable”, 1 CD (Disques du Soleil et de l’Acier/Chronowax), 2002
Blanc / Cet enfer miraculeux / Radiophonie n°1 / Doucement, le grain de sa peau / (sans titre) / Ocre / (sans titre) / Radiophonie n°2 / Adieu miséricorde / (sans titre) / Léger / (sans titre) / Le monde intérieur / Arachnéenne encore / (sans titre) / Je me suis bâti sur une colonne absente / (sans titre) / Radiophonie n°3 / Nocturne urbain
première publication : mardi 1er octobre 2002