Comment le capitalisme nous empapaoute ?

Comment le capitalisme nous empapaoute ?

Je vous vois venir : “pas moi. Bien sûr, il b…e les autres, ceux qui ont moins que moi. J’ai un boulot, un toit, je pars en vacances et j’ai même de quoi épargner.” Mais le capitalisme ne se contente pas de t’exploiter individuellement, il broie collectivement. Il ne se mesure pas à ton confort personnel, mais à son impact global. Et cet impact est meurtrier.

Le capitalisme tue. Il tue par la pollution, en asphyxiant les rivières, les sols, l’air que nous respirons. Il tue par les guerres, financées et orchestrées pour le profit, toujours plus de profit. Il tue par l’épuisement des ressources, en pillant sans relâche au mépris des générations futures. Il tue aussi par l’isolement et la détresse psychologique qu’il impose à ceux qui ne suivent pas son rythme infernal.

Et ce système ne se maintient pas seul. Il a toujours eu ses complices. Longtemps, l’Église a tenu ce rôle, prêchant la soumission et la résignation : “Les derniers seront les premiers” (Évangile selon Matthieu, 20:16), un message qui endort la révolte et justifie l’injustice, pendant que les puissants accumulaient les richesses. En réalité, quand il a dit cela, le Christ appelait à se révolter contre l’Empire romain.

Aujourd’hui, ce sont les médias dominants qui ont pris le relais. Ils façonnent le récit, invisibilisent les luttes, vendent du divertissement creux et du spectacle pour nous empêcher de penser. Ils transforment la précarité en responsabilité individuelle, l’exploitation en opportunité, la destruction du vivant en progrès.

Mais le capitalisme ne se contente pas d’exploiter, il a aussi besoin de crises pour survivre. Quand il est à bout de souffle, comme actuellement, il crée des guerres pour se relancer. L’industrie de l’armement, les reconstructions d’après-guerre, la spéculation sur l’énergie et les matières premières : autant de moteurs pour éviter l’effondrement. Il a besoin du chaos pour se réinventer et pour perpétuer son règne.

Le capitalisme nous baise, mais il nous apprend aussi à aimer ça. C’est son plus grand triomphe : faire croire qu’il est naturel, inévitable, qu’aucune alternative n’existe. Pourtant, l’histoire nous montre que les systèmes tombent, que les idéologies périssent. Le capitalisme tombera aussi. Mais seulement si nous cessons de nous raconter qu’il nous épargne.

Jean-Marc Grosdemouge