Trump confond censure et fact-checking (et c’est chiant)

Depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, Donald Trump a fait de la “censure” son cheval de bataille. Il accuse l’administration Biden et les plateformes numériques d’avoir restreint la liberté d’expression sous prétexte de lutter contre la désinformation. Mais en réalité, Trump ne fait pas la différence entre fact-checking et censure, et cette confusion est loin d’être anodine.
L’un des points centraux du débat concerne la modération des fake news sur les vaccins contre la COVID-19. Trump affirme que l’administration Biden a imposé un “narratif officiel” en forçant les réseaux sociaux à supprimer certains contenus. Mais une analyse détaillée, publiée dans Science, rappelle une réalité bien différente : la désinformation sur les vaccins a causé des milliers de morts, en particulier chez les électeurs républicains, qui se sont moins vaccinés que les démocrates.
Limiter les fake news n’était donc pas une question d’idéologie, mais une question de santé publique. Pourtant, Trump et ses alliés, comme Brendan Carr de la FCC, ont attaqué des initiatives comme NewsGuard, une entreprise indépendante qui évalue la fiabilité des médias. Le problème ? NewsGuard, comme d’autres outils de fact-checking, n’est pas “anticonservateur” comme Trump le prétend : ses évaluations sont cohérentes avec celles de panels bipartisans d’experts et du grand public.
Mais pendant que Trump s’en prend aux fact-checkers, il ignore totalement le rôle des algorithmes dans la vraie censure. Une enquête récente a révélé que sur Instagram, des hashtags pro-démocratie comme #savedemocracy étaient bloqués, tandis que #hitlerwasgreat restait accessible. Sur X, après le soutien de Musk à Trump, les posts républicains ont soudain été favorisés par l’algorithme.
Conclusion : fausse censure, vrai contrôle
Trump se positionne en défenseur de la liberté d’expression, mais son décret ne fait que supprimer les outils permettant de distinguer le vrai du faux, tout en laissant intact le véritable problème : les algorithmes opaques qui façonnent l’information en ligne.
Le débat sur la censure ne peut pas être réduit à une simple opposition entre “liberté totale” et “contrôle gouvernemental”. L’enjeu est ailleurs : qui décide de ce qui est visible et sur quels critères ? Car tant que ces décisions seront prises en secret par des plateformes privées, sans contrôle ni transparence, parler de liberté d’expression restera une illusion.
Pour une analyse plus poussée du sujet, l’article original de Science est à lire ici.