Domino, l’indé à l’anglaise, entre pop, rock et expérimentations

Domino, l’indé à l’anglaise, entre pop, rock et expérimentations
Fondé en 1993 par Laurence Bell et Jacqui Rice, Domino Recording Company est un pilier de l’indépendance musicale britannique. Né dans un Londres où le rock alternatif explosait sous l’impulsion du grunge et du britpop, le label s’est distingué en misant sur des artistes inclassables, oscillant entre pop raffinée, folk introspectif et rock aventureux.

De Pavement à Arctic Monkeys, en passant par Franz Ferdinand ou Animal Collective, Domino a su marier exigence artistique et succès critique, devenant une référence incontournable.

Pavement “Crooked Rain, Crooked Rain” (1994)

Sorti en plein essor de l’indie rock américain, ce deuxième album des Californiens de Pavement marque un tournant pour le groupe et pour Domino. Avec ses guitares nonchalantes, ses mélodies brumeuses et ses textes mi-absurdes, mi-géniaux signés Stephen Malkmus, “Crooked Rain, Crooked Rain” impose le groupe comme les nouveaux poètes lo-fi des années 90. Le single “Cut Your Hair” devient un hit inattendu et prouve que le rock indépendant peut séduire au-delà des cercles d’initiés.


Franz Ferdinand “Franz Ferdinand” (2004)

Londres et Domino ne pouvaient pas passer à côté du renouveau rock du début des années 2000. Avec son premier album, Franz Ferdinand injecte une dose de glamour et de danse dans un rock devenu trop sérieux. Porté par “Take Me Out”, un tube imparable, le disque mélange élégance britannique et guitares tranchantes. Il offre à Domino un succès mondial et contribue au grand retour du rock dans les charts.


Arctic Monkeys “Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not” (2006)

La rencontre entre Domino et Arctic Monkeys est l’un des plus grands coups de génie du label. Repérés grâce à leurs démos circulant sur Internet, les jeunes Anglais explosent avec cet album coup de poing. Entre textes acérés sur la jeunesse britannique et riffs électriques, le disque devient le plus grand succès d’un premier album en Angleterre. Alex Turner impose son écriture unique et Domino décroche l’un de ses plus grands best-sellers.


Animal Collective “Merriweather Post Pavilion” (2009)

Avec Animal Collective, Domino prouve son goût pour l’expérimentation. “Merriweather Post Pavilion” est un voyage sonore où les harmonies vocales rencontrent des textures électroniques hallucinées. L’album devient culte auprès des amateurs d’indie psychédélique et conforte Domino dans son rôle de défricheur de sons inclassables.


Blood Orange “Cupid Deluxe” (2013)

Domino ne s’arrête pas au rock et à la pop. Avec Blood Orange, alias Dev Hynes, le label investit les territoires du R&B sophistiqué et de la soul futuriste. “Cupid Deluxe” est un disque élégant et introspectif, où funk, new wave et hip-hop se croisent sans effort. Porté par des titres comme “You’re Not Good Enough”, il témoigne de l’ouverture musicale du label et de sa capacité à capturer l’air du temps.


Toujours actif, et disposant d’une antenne parisienne? Domino continue d’explorer de nouveaux horizons, du rock à l’électro en passant par la folk et le jazz expérimental. Indépendant mais influent, le label reste un modèle pour toute une génération de musiciens et de maisons de disques. Une quête d’indépendance et d’élégance qui rappelle celle de Peter Perrett, l’âme brisée de The Only Ones, dont la résurrection tardive s’inscrit dans ce même désir d’intégrité artistique.

Jean-Marc Grosdemouge