Suzanne Vega, une folk en clair-obscur

Suzanne Vega, une folk en clair-obscur
Le nouvel album de Suzanne, “Flying With Angels” sortira le 2 mai (Cooking Vinyl/Wagram), l’occasion pournous de jeter un coup dans le rétro. Née en 1959 en Californie mais élevée à New York, Suzanne Vega s’est imposée comme l’une des voix les plus singulières du folk contemporain.

Dès les années 80, elle bouscule les codes du genre avec son écriture poétique et urbaine, qui fait d’elle bien plus qu’une simple héritière de la tradition folk. Avec son tube “Luka“, elle aborde des thèmes sensibles sans pathos, tandis que “Tom’s Diner” devient un standard remixé dans tous les styles. Au fil de sa carrière, elle expérimente, flirtant avec l’électronique et le jazz sans jamais perdre son identité. Retour sur cinq albums qui dessinent le portrait d’une artiste à la fois discrète et essentielle.


Solitude Standing” (1987)

Après un premier album sorti en 1985, Suzanne Vega accède à la reconnaissance internationale. L’album renferme deux de ses morceaux les plus iconiques : “Luka“, un titre poignant sur la maltraitance infantile, et “Tom’s Diner“, initialement chanté a cappella avant de devenir un hymne trip-hop grâce au remix de DNA en 1990. L’album atteint la 2ᵉ place des charts britanniques et installe Suzanne Vega comme l’une des grandes voix du folk contemporain.


99.9F°” (1992)

Changement radical avec 99.9F°, où Suzanne Vega se détourne du folk acoustique pour intégrer des sonorités électroniques et industrielles, sous la houlette de Mitchell Froom. Plus rythmique, plus tranchant, cet album témoigne de sa capacité à se réinventer sans perdre sa force d’écriture. Des titres comme “Blood Makes Noise” marquent par leur nervosité et leur modernité.


Nine Objects of Desire” (1996)

Toujours produit par Mitchell Froom, “Nine Objects of Desire” est un disque plus sensuel et raffiné, qui mêle jazz, pop et arrangements électroniques subtils. La voix de Suzanne Vega y est plus feutrée, presque murmurée, sur des morceaux comme “Caramel“, utilisé dans plusieurs films et séries. Un album sophistiqué qui témoigne d’une artiste en perpétuelle évolution.


Beauty & Crime” (2007)

Après une décennie plus discrète, “Beauty & Crime” marque le retour en grâce de Suzanne Vega. Cet album, véritable déclaration d’amour à New York, sa ville natale, explore les souvenirs, les lieux et les figures qui ont façonné son identité. La production soignée et les orchestrations élégantes lui vaudront un Grammy Award pour sa qualité sonore.


Tales from the Realm of the Queen of Pentacles” (2014)

Dans cet album, Suzanne Vega mêle des thèmes mystiques et spirituels à des arrangements contemporains. Les chansons explorent des récits allégoriques, reflétant sa maturité artistique et sa capacité à se réinventer tout en restant fidèle à son essence musicale.


An Evening of New York Songs and Stories” (2020)

Sorti en pleine pandémie, cet album live intime capture Suzanne Vega dans son élément : seule sur scène, entre confidences et interprétations habitées de son répertoire. Enregistré au Café Carlyle, temple du songwriting new-yorkais, il revisite des classiques comme “Luka” ou “New York Is a Woman” avec une sobriété touchante. Un bel hommage à son propre héritage musical.


De ses débuts folk aux expérimentations électro en passant par ses explorations jazzy, Suzanne Vega a toujours su conjuguer élégance et innovation. Ces cinq albums illustrent son évolution et son influence durable sur la scène musicale. Son sens de la narration et sa voix unique continuent d’inspirer une génération de songwriters.

Jean-Marc Grosdemouge