Richard Strauss “Metamorphosen”, une élégie universelle

Richard Strauss “Metamorphosen”, une élégie universelle

Aujourd’hui considérée comme l’une des œuvres les plus poignantes de Richard Strauss, “Metamorphosen” incarne à la fois le deuil et la résilience, témoignant d’une maîtrise artistique capable de capturer les tumultes de son époque. Structurée autour de lignes mélodiques entrelacées qui se transforment et s’élèvent en un flux continu, cette oeuvre explore les méandres de la perte et de l’espoir.

Composée en 1945 pour 23 instruments à cordes solistes, cette œuvre reflète la profonde désillusion de Strauss face à la destruction de la culture allemande, alors que la guerre touche à sa fin. L’effondrement de lieux emblématiques comme l’Opéra de Munich lui inspire cette élégie musicale, où il intègre une citation poignante de la marche funèbre de la “Symphonie héroïque” de Beethoven, accompagnée de la mention “In Memoriam”.

Le titre, signifiant “métamorphoses”, évoque les transformations musicales et émotionnelles présentes dans la pièce. Strauss y intègre une citation du thème de la marche funèbre de la Symphonie héroïque de Beethoven, accompagnée de la mention “In Memoriam”, soulignant le caractère élégiaque de l’œuvre. Certains interprètent cette citation comme une référence à la désillusion de Beethoven envers Napoléon, établissant un parallèle avec la propre désillusion de Strauss face aux événements de son époque.

La structure de “Metamorphosen” se caractérise par un développement symphonique continu, où les lignes mélodiques se transforment et se superposent, créant un flux sonore ininterrompu. Cette complexité reflète la profondeur des émotions de Strauss et sa réflexion sur la fragilité de la culture face aux ravages de la guerre.

Jean-Marc Grosdemouge