Sub Pop, le label qui a mis Seattle sur la carte

Sub Pop, le label qui a mis Seattle sur la carte

Avant que Nirvana ne fasse exploser le grunge à la face du monde, Sub Pop était déjà là, à dénicher les futurs héros du rock alternatif. Fondé en 1986 par Bruce Pavitt et Jonathan Poneman, le label de Seattle a construit sa légende en capturant l’énergie brute de la scène locale, avant d’élargir son spectre au fil des décennies. Toujours indépendant, toujours en avance, Sub Pop est devenu un repère d’artistes exigeants, à la croisée du rock, de l’indie et du folk.

Voici cinq albums incontournables qui racontent son histoire.

Nirvana Bleach” (1989)

Avant “Nevermind” et l’explosion planétaire, il y a “Bleach“, disque crasseux et rageur enregistré pour la modique somme de 606 dollars. Produit par Jack Endino, c’est un condensé de la scène underground de Seattle : guitares abrasives, mélodies sous tension et la voix de Kurt Cobain, déjà hantée. “About a Girl” annonce le virage pop à venir, tandis que “Negative Creep” et “School” suintent la colère et le désespoir. Un manifeste grunge brut et essentiel.


Soundgarden “Ultramega OK” (1988)

Avant de signer sur une major, Soundgarden sort cet album sur Sub Pop, où leur fusion unique de hard rock, punk et psychédélisme prend forme. Chris Cornell hurle comme un possédé sur “Flower” et “Beyond the Wheel“, tandis que Kim Thayil tricote des riffs lourds et sinueux. Moins abouti que leurs chefs-d’œuvre à venir (“Badmotorfinger“, “Superunknown“), “Ultramega OK” capture l’essence brute du groupe et leur ouvre la voie.


Mudhoney “Superfuzz Bigmuff” (1988)

Si un groupe incarne l’esprit Sub Pop, c’est Mudhoney. Avec ce mini-album, ils posent les bases du son grunge : fuzz crasseux, humour ravagé et énergie punk. “Touch Me I’m Sick” devient un hymne instantané, crachant son venin avec un riff poisseux et une urgence qui contamine toute la scène de Seattle. Sans Mudhoney, pas de Nirvana, pas de Pearl Jam, bref pas de grunge tel qu’on le connaît.


The Shins Oh, Inverted World” (2001)

Changement d’ère : au début des années 2000, Sub Pop devient le refuge de l’indie rock délicat et mélodique. The Shins signent ici un bijou de pop onirique, où chaque chanson semble flotter dans un rêve. “New Slang” devient un hymne générationnel, popularisé par Zach Braff dans “Garden State“. Un disque doux, mélancolique, qui ouvre une nouvelle ère pour Sub Pop.


Fleet Foxes “Fleet Foxes” (2008)

Avec ce premier album, Fleet Foxes imposent un folk pastoral et céleste, porté par des harmonies vocales sublimes et des arrangements lumineux. “White Winter Hymnal” et “Ragged Wood” rappellent Crosby, Stills & Nash et le folk des sixties, tout en sonnant incroyablement moderne. Un disque d’une beauté pure, qui prouve que Sub Pop sait aussi briller loin des distorsions.


Sub Pop n’est pas juste le label du grunge. Il a su évoluer, passant du rock bruitiste à l’indie folk, du punk aux expérimentations électroniques (Shabazz Palaces, Beach House). Toujours indépendant, il continue d’être un incubateur de talents.

Jean-Marc Grosdemouge