Peut-on parler de liberté d’expression quand les algorithmes décident de ce que nous voyons ?

Peut-on parler de liberté d’expression quand les algorithmes décident de ce que nous voyons ?

Tout le monde peut poster ce qu’il veut sur Internet, mais voit-on vraiment toutes les opinions ? Pas si sûr. Car ce que nous lisons, regardons et partageons en ligne n’apparaît pas au hasard : ce sont des algorithmes qui sélectionnent ce qui arrive sous nos yeux. Et ces algorithmes ne sont ni neutres ni transparents.

Un exemple récent : en janvier 2025, Donald Trump, de retour à la présidence, signe un décret pour ” restaurer la liberté d’expression en ligne”. Selon lui, l’administration Biden aurait censuré des opinions en limitant la désinformation sur les vaccins. Mais protéger les gens contre des fausses infos qui mettent des vies en danger, est-ce vraiment une atteinte à la liberté ?

Le vrai pouvoir sur l’information ne vient pas des politiques, mais des plateformes. Instagram a été pris en flagrant délit de blocage de certains hashtags politiques tout en laissant d’autres circuler librement. Sur X (ex-Twitter), une étude a montré qu’après que Musk a soutenu Trump, les publications pro-républicaines ont bénéficié d’un boost soudain.

Cette confusion entre censure et fact-checking est précisément le sujet d’un article (en anglais) publié dans “Science” intitulé “Liberté d’expression, fact-checking et le droit à une information exacte”. Il démontre que la véritable menace pour l’information ne vient pas d’un gouvernement qui voudrait imposer un “narratif officiel”, mais plutôt des algorithmes des grandes plateformes, qui influencent la visibilité des contenus de manière invisible. Si vous voulez creuser cette idée avec une analyse plus poussée, c’est à lire ici.

Alors, si un programme informatique décide ce que nous voyons et ce que nous ne voyons pas, peut-on encore parler de liberté d’expression ? À partir du moment où quelqu’un choisit à notre place, la réponse est évidente.

Jean-Marc Grosdemouge